Dans la logique de l'action sociale territorialisée, la capacité d'institutions différentes à travailler ensemble, pour conduire des projets correspondant aux problématiques locales, participe à l'émergence de ce que Philippe Lyet appelle la « gouvernance partenariale ». Comment fonctionne cette collaboration entre professionnels d'origines diverses ? Cela dépend beaucoup de l'investissement personnel des intéressés, comme le précise l'auteur, formateur-chercheur à l'Institut régional supérieur de travail éducatif et social (IRTESS) de Bourgogne. A l'appui de son propos, l'étude détaillée de deux exemples de coopération interinstitutionnelle en Saône-et-Loire : la mise en oeuvre d'un chantier d'insertion à Chalon-sur-Saône et l'organisation du suivi du public dans le cadre du plan local d'insertion par l'emploi de la Communauté urbaine Le Creusot-Montceau-les-Mines. L'initiative de la première action a été prise par des professionnels de terrain qui ont cherché les moyens de la réaliser. A contrario, le second dispositif correspond à une création par le haut, instituée avant de mobiliser des intervenants locaux. En dépit de ces dynamiques divergentes - principalement endogènes et ascendantes ou, à l'inverse, exogènes et descendantes -, dans un cas comme dans l'autre, le partenariat naît réellement du rapprochement des acteurs et de la compréhension mutuelle qui en découle. La question de la formalisation du processus coopératif et des organisations employeurs, qui missionnent et cadrent plus ou moins leurs agents, ne se pose qu'ensuite ou parallèlement, souligne l'auteur.
L'institution incertaine du partenariat. Une analyse socio-anthropologique de la gouvernance partenariale dans l'action sociale territoriale - Philippe Lyet - Ed. L'Harmattan - 24 €