LA CONTINUITÉ DE L'ERRANCE. Qui sont les jeunes sans domicile ? Essentiellement des garçons, qui appartiennent à des milieux sociaux très défavorisés et sont dépourvus de capitaux scolaires. Tel est le portrait qui se dégage de l'enquête réalisée en Nord-Pas-de-Calais auprès de 60 SDF de 16-25 ans - 44 garçons et 16 filles - par les universitaires Anne-Françoise Dequiré et Emmanuel Jovelin, membres du Groupe d'études et de recherches en travail social (GERTS). Un autre point commun fondamental rassemble ces errants : ils sont très majoritairement dénués de solidarités familiales. Ceci expliquant pour partie cela, 34 des 60 jeunes rencontrés ont été placés en foyer ou en famille d'accueil, et 12 de ceux qui ont passé leur enfance en famille y ont connu l'alcoolisme et la violence de leur(s) parent(s). Ces enfants mal-aimés qui, un jour, se laissent happer par la rue rencontrent de multiples structures d'aide sur leur chemin. Ils les connaissent d'ailleurs généralement très bien et savent les utiliser comme « des sas de transition vers la continuité de l'errance », commentent les auteurs. Tel est précisément le problème qu'ils fustigent : l'incapacité des dispositifs de prise en charge à travailler ensemble pour permettre aux jeunes errants de se reconstruire durablement. Du coup, tout le monde tourne en rond : les jeunes, qui vont chercher des dépannages d'institution en institution, et ces dernières qui, faute de mettre en commun leurs bouts de solution, ne peuvent pas lancer de pont vers l'insertion.
La jeunesse en errance face aux dispositifs d'accompagnement - Anne-Françoise Dequiré et Emmanuel Jovelin - Ed. Presses de l'EHESP - 23 €