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Réduction de la pauvreté : Martin Hirsch trouve les résultats 2007 contrastés mais encourageants

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A trois jours de la journée mondiale du refus de la misère, le Haut Commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté a présenté, le 14 octobre en conseil des ministres, le premier rapport de suivi de l'objectif de baisse d'un tiers de la pauvreté en cinq ans, objectif fixé en 2007 par le président de la République et inscrit dans la loi du 1er décembre 2008 généralisant le revenu de solidarité active (1). Ce rapport (2) actualise le tableau de bord élaboré par les services de Martin Hirsch pour mesurer l'évolution de la pauvreté et composé d'une quarantaine d'indicateurs (3). Malgré tout, les derniers chiffres qui y figurent portent sur l'année 2007, et ne prennent donc pas encore en compte l'effet de la crise économique.

Une baisse de 0,6 point du taux de pauvreté en 2007

Pour Martin Hirsch, « les principaux indicateurs de pauvreté monétaire font apparaître une évolution encourageante mais contrastée en 2007 ». Si l'on prend en compte l'indicateur de pauvreté à 60 % du revenu médian (4) ancré dans le temps, l'objectif sera atteint si le taux de pauvreté, calculé avec le seuil de pauvreté de 2006 revalorisé annuellement, passe de 13,1 % en 2006 à 8,7 % en 2012, assure le rapport. Autrement dit, alors que 7,8 millions de personnes ont un niveau de vie inférieur à 876 € par mois en 2006, l'objectif est que ce nombre soit ramené à moins de 5,2 millions en 2012, en tenant compte de l'inflation pour revaloriser le seuil de 876 € . La dernière évolution connue du taux de pauvreté ancré dans le temps, entre 2006 et 2007, est de - 5 %, avec un taux de pauvreté de 12,5 % en 2007 contre 13,1 % en 2006. Entre 2002 et 2005, l'indicateur avait baissé de 4 %, alors qu'il avait diminué de 24 % entre 2000 et 2005 en raison de la forte croissance enregistrée en 2000 et 2001, rappelle le rapport.

Le taux de pauvreté monétaire relatif au seuil de 60 % apporte « un éclairage supplémentaire », explique le Haut Commissariat. Selon cet indicateur, le seuil de pauvreté est recalculé chaque année comme étant égal à 60 % de la médiane des niveaux de vie des ménages. En 2007, le seuil de pauvreté est ainsi de 910 € mensuels (contre 890 € avec l'indicateur ancré dans le temps). Après avoir été stable entre 2002 et 2005, le taux de pauvreté monétaire relatif a augmenté de 2 % en 2007 et se situe à 13,4 %, contre 13,1 % en 2006. L'objectif est de réduire ce taux de 15 % d'ici à 2012.

Le rapport a également étudié l'intensité de la pauvreté monétaire, qui vise à mesurer le degré de pauvreté des personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Cet indicateur, qui avait augmenté de 12 % entre 2002 à 2005, a baissé de 4 % en 2006 puis augmenté de 1 % en 2007. L'objectif est de stabiliser l'intensité de la pauvreté d'ici à 2012.

La pauvreté frappe plus les enfants, les jeunes et les populations des ZUS

Autres enseignements du rapport présenté par Martin Hirsch : « la pauvreté frappe proportionnellement plus les enfants et les jeunes et se concentre dans les territoires de la politique de la ville ». En 2007, parmi les personnes vivant sous le seuil de pauvreté à 60 %, 20 % sont des membres de familles monoparentales. On dénombre également :

30 % d'enfants de moins de 18 ans. Le taux de pauvreté des enfants, qui atteint 17,9 %, est d'ailleurs plus élevé que la moyenne ;

13 % des jeunes de 18 à 24 ans, étant précisé que 22,1 % des jeunes, hors étudiants, sont en dessous du seuil de pauvreté ;

45 % d'adultes d'âge actif, les femmes étant plus nombreuses dans cette catégorie que les hommes ;

12 % de personnes de plus de 65 ans.

Le taux de travailleurs pauvres est de 6,4 % en 2006, qui est la dernière année disponible. Selon le rapport, la proportion de travailleurs pauvres a fortement augmenté de 2003 à 2006 (+ 21 %).

Enfin, le taux de pauvreté monétaire ancré dans le temps était de 31,2 % en zones urbaines sensibles (ZUS) en 2007, contre 11,2 % hors ZUS. « Le fort écart entre ZUS et hors ZUS se retrouve pour l'ensemble des catégories de population, à l'exception des personnes âgées, pour lesquelles l'écart est moins important, explique le rapport. Cette concentration des problèmes de pauvreté dans les ZUS trouve une partie de son origine dans les difficultés rencontrées par leurs habitants pour accéder à l'emploi. En 2008, la proportion de personnes vivant dans un ménage sans actif occupé est plus de deux fois plus élevée en ZUS (20,5 % contre 9,1 % hors ZUS). »

Des projections 2007-2009 à prendre avec prudence

Les évolutions des différents indicateurs de suivi de la pauvreté monétaire ne sont connues qu'avec un retard de 18 mois, explique le rapport. Aussi, afin de disposer d'une première évaluation de leur évolution sur la période récente, une projection, « encore techniquement fragile », de l'évolution de la pauvreté monétaire entre 2007 et 2009 a-t-elle été réalisée, indique le Haut Commissariat. Cette projection ferait apparaître entre 2007 et 2009 une réduction du taux de pauvreté ancrée dans le temps (- 14 %), du taux de pauvreté relative (- 5,5 %) et de l'intensité de la pauvreté (- 4,5 %). Mais « ces chiffres doivent être considérés avec une grande prudence compte tenu des difficultés méthodologiques afférentes à ces projections », précise le rapport (5). « La fiabilité et la qualité de la projection n'ont notamment pas pu être vérifiées en confrontant les projections aux valeurs réalisées sur une série passée. » En outre, rappelle le Haut Commissariat, les effets de la crise ne se sont pas encore tous fait sentir.

Notes

(1) Voir ASH n° 2605 du 17-04-09, p. 44.

(2) Disponible sur www.rsa.gouv.fr.

(3) Voir ASH n° 2611 du 29-05-09, p. 11.

(4) Le revenu médian est le revenu qui partage exactement en deux la population : la moitié de la population dispose d'un revenu plus élevé que le revenu médian, l'autre moitié d'un revenu moins élevé.

(5) Pour ATD quart monde, « ces projections ne sont donc en aucun cas des réalités et ne peuvent être interprétées comme telles » . L'association estime que, « à ce jour » , les éléments fournis par le rapport « n'apportent presque rien de nouveau puisque les données chiffrées sont en cours de collecte » .

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