Au cours de l'année 2007, l'Unedic et l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE) (1) ont expérimenté des prestations d'accompagnement renforcé de demandeurs d'emploi présentant des risques de chômage de longue durée. Pour l'Unedic, l'expérimentation consistait en un accompagnement renforcé de six mois environ, pour 41 000 demandeurs d'emploi indemnisables accompagnés par des opérateurs privés de placement (OPP), dans dix régions. Pour l'ANPE, elle correspondait à une prestation d'accompagnement renforcé de six mois, mise en oeuvre en interne dans six régions, pour 40 000 demandeurs d'emploi indemnisables ou non, dans le cadre du dispositif « Cap vers l'entreprise » (CVE). Les résultats de ces deux programmes ont été rendus publics le 5 octobre (2).
Principal enseignement de ces tests, « la plus-value des accompagnements renforcés par rapport à l'accompagnement classique en termes de retour à l'emploi ». Ainsi, « à l'horizon de 6 et 12 mois, les programmes OPP et CVE accroissent les sorties des listes de l'ANPE vers l'emploi », constate le comité de pilotage de l'évaluation dans son rapport. Un an après leur entrée dans l'expérimentation, le taux de sortie vers l'emploi des demandeurs d'emploi accompagnés par les OPP s'est accru de 5,6 points en moyenne. Pour les demandeurs d'emploi indemnisables suivis par les équipes CVE, l'augmentation est encore plus forte (+ 7,3 points). A des horizons plus courts, les impacts sont « plus contrastés » selon les programmes. Alors que la prestation CVE a « un effet rapide et élevé sur le taux de sortie vers l'emploi pour les demandeurs d'emploi récemment inscrits », l'accompagnement par les OPP a « un impact plus tardif et plus modéré sur [leur] sortie vers l'emploi ».
La plus-value des deux programmes sur le retour vers l'emploi varie selon les territoires et les populations accompagnées. L'accompagnement par les OPP se révèle surtout efficace pour les demandeurs d'emploi diplômés, les femmes et les jeunes, alors que l'impact du programme CVE est un peu moins différencié selon les publics. D'une manière générale, les programmes CVE et, dans une moindre mesure, OPP ont un impact supérieur dans les zones où ils ont été conjointement déployés.
Deuxième enseignement de l'expérimentation : les demandeurs d'emploi accompagnés par les OPP ou les équipes CVE se réinscrivent moins fréquemment sur les listes de l'ANPE au cours des six mois qui suivent leur sortie vers l'emploi, « signe que les emplois retrouvés sont généralement durables ». L'efficacité du programme OPP s'observe exclusivement sur les sorties vers des emplois de plus de six mois. Le programme CVE favorise également les sorties vers des emplois de plus de six mois (dans une proportion légèrement supérieure à celle des OPP dans les zones où les deux programmes sont conjointement déployés), mais aussi les sorties vers des emplois de plus courte durée.
L'analyse des processus et du contenu des accompagnements livre également des résultats intéressants. Elle montre « la grande proximité des modalités d'accompagnement développées par les OPP et les équipes CVE », en termes de contenu, d'organisation, d'affectation de conseillers dédiés avec des « portefeuilles » réduits de demandeurs d'emploi, de méthodes, d'outils de travail et d'innovation dans les méthodes. S'agissant des prestations, les demandeurs d'emploi suivis par les équipes CVE ont eu « des propositions d'offres d'emploi plus nombreuses et en meilleure adéquation avec leurs attentes que les demandeurs d'emploi suivis dans le parcours «classique» de l'ANPE ». Pour leur part, les demandeurs d'emploi suivis par les OPP ont « davantage bénéficié d'actions d'appui méthodologique à la recherche d'emploi ».
Ce bilan plutôt positif est toutefois entaché d'un point noir : le pilotage global des parcours au niveau régional et local « s'est révélé contrasté selon les territoires mais globalement insuffisant et peu propice à une bonne coordination ANPE-Assedic sur le terrain ».
« Au total, les performances des deux réseaux apparaissent largement cohérentes avec les objectifs qui leur étaient fixés », conclut le rapport : forte incitation à la remise en emploi durable à l'horizon de six mois pour les OPP ; retour à l'emploi durable assorti d'objectifs de mise en relation avec les entreprises pour les CVE.
(1) Rappelons que l'ANPE a depuis fusionné avec les Assedic au sein de Pôle emploi.
(2) Les expérimentations d'accompagnement renforcé des demandeurs d'emploi conduites par l'Unedic et l'ANPE en 2007 - Rapport de synthèse du comité de pilotage de l'évaluation - Disp. sur