Recevoir la newsletter

« LES MAIRES NE SONT PAS DES PÈRES FOUETTARD »

Article réservé aux abonnés

Il n'est pas sûr qu'une charte déontologique, comme le prévoit le plan de prévention de la délinquance (voir ce numéro, pages 5 et 25), facilite l'échange d'informations entre le maire et les travailleurs sociaux, explique Pierre Cardo (UMP), premier vice-président de l'Association des maires ville et banlieue de France (1). Pour lui, les acteurs doivent se référer à « l'intérêt de l'usager ».

Selon le Conseil national des villes, la loi sur la prévention de la délinquance aurait engendré une « défiance » à l'égard des maires (2)...

La loi a souhaité faire du maire le chef d'orchestre de la prévention de la délinquance, ce que je demandais depuis longtemps. Je ne crois pas qu'elle ait instauré une « défiance » à son égard. Elle existait déjà, tant du côté des travailleurs sociaux à l'égard des élus que l'inverse. Ce que l'on peut comprendre : certains maires considèrent qu'ils doivent tout savoir et certains travailleurs sociaux oublient que les édiles ont un devoir de réserve et qu'ils sont aussi au service des usagers. Pour ma part, j'ai toujours défendu l'idée que le maire ne devait pas avoir de pouvoir répressif, mais qu'il devait être le trait d'union entre les acteurs de la répression et ceux de la prévention. Ce qui suppose qu'il obtienne la confiance des acteurs de la ville et qu'il soit destinataire d'un certain nombre d'informations.

Même « nominatives » ?

Nous avons besoin d'informations nominatives sur les usagers, de temps en temps. Bien souvent les travailleurs sociaux ne résident pas dans la commune. Nous oui, et nous sommes souvent interpellés par des jeunes, qui ne vont pas forcément nous dire s'ils font ou non l'objet d'un suivi social. Or nous avons besoin de le savoir pour éviter d'engager des actions qui iraient à l'inverse de celles déjà mises en oeuvre. Les travailleurs sociaux ne peuvent pas toujours brandir l'anonymat de l'information. Nous n'avons pas besoin de connaître toute l'histoire d'un jeune, mais de savoir s'il fait l'objet d'une prise en charge. Voire s'il a été parfois violent pour en tenir compte dans les mesures qui pourraient être prises. Il ne s'agit pas pour les travailleurs sociaux de tout partager, mais de s'interroger : en l'espèce, quel est l'intérêt de l'usager ? De se taire ou de communiquer telle information ? Par ailleurs, beaucoup de personnes se confient plus facilement au maire qu'aux travailleurs sociaux, dont elles se méfient. Il faut donc que nous puissions partager certaines informations. Les jeunes savent jouer avec nos failles.

Afin de faciliter l'échange d'informations au sein des conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), il est proposé d'élaborer une charte déontologique. Une bonne idée ?

Tout d'abord, ces conseils assez institutionnels, où l'on définit surtout les axes stratégiques, ne sont pas le lieu où l'on échange des informations nominatives sur les usagers. Ce type d'échange se fait davantage au sein de comités plus restreints (cellule de veille, réunions informelles...), où les acteurs se connaissent. Maintenant, je ne suis pas sûr qu'une charte déontologique améliore les choses. Il faudrait déjà qu'on explique aux travailleurs sociaux, dans le cadre de leur formation initiale, à quoi sert l'élu !

Le gouvernement veut inciter les maires à créer des conseils des droits et devoirs des familles...

Je préfère recevoir directement les familles en difficulté, qui sont souvent désorientées, et échanger avec elles. Je me méfie, surtout dans le climat actuel, de ce qui pourrait apparaître comme un tribunal des familles. Surtout, je suis opposé à ce qu'un tel conseil puisse demander au juge des enfants une mise sous tutelle des allocations familiales. Ce n'est pas aux maires de la proposer, ils ne sont pas des pères Fouettard ! Même si cela ne m'empêche pas, si cela semble nécessaire, de saisir le conseil général, qui dispose de moyens supplémentaires comme le « contrat de responsabilité parentale ».

Que pensez-vous du doublement des moyens pour la vidéosurveillance ?

Pendant 25 ans, j'y ai été hostile, mais avec la baisse des effectifs de police, il est nécessaire de protéger certains établissements. J'explique aux jeunes : « Vous dites que les flics vous agressent et les flics disent que vous les provoquez. Au moins, on pourra regarder la bande et vérifier qui a raison ».

Notes

(1) Et conseiller municipal de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines)

(2) Voir ASH n° 2605 du 17-04-09, p. 16.

Questions à

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur