Si c'est un progrès, « on est encore loin » des ambitions de la commission de concertation sur la jeunesse présidée par Martin Hirsch, qui visait à combler les trous du chemin vers l'autonomie, y compris pour les plus vulnérables. C'est ainsi que la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS) évoque les mesures du « livre vert » pour la jeunesse retenues par le chef de l'Etat (voir ce numéro, page 5). L'extension du revenu de solidarité active (RSA) aux jeunes de moins de 25 ans ayant travaillé au moins deux ans sur une période de trois ans, contestée dans les rangs de la majorité, est à ses yeux trop restrictive : elle « ne bénéficiera qu'à environ 160 000 jeunes dont 120 000 en emploi, sur six millions de 18-25 ans, commente la FNARS. Cette mesure ne va donc concerner que 2,7 % de cette tranche d'âge, alors que 20 % de ces jeunes vivent sous le seuil de pauvreté. » L'association, partageant sur le sujet l'opinion de plusieurs syndicats et partis de l'opposition, regrette que les plus précaires, les travailleurs à temps partiel ou les jeunes sans aucun revenu soient laissés sur la touche. « C'est encore restrictif et il faut qu'on progresse encore », ajoute Christophe Deltombe, président d'Emmaüs France.
Les jeunes en rupture familiale ont également été oubliés, ajoute la FNARS, la mesure de protection des jeunes majeurs les plus en difficulté proposée par la commission n'ayant pas été retenue. « Or celle-ci permettrait de faire baisser sensiblement le nombre de jeunes en errance ou en situation de désinsertion sociale sévère, notamment ceux qui ne sont plus pris en charge par la protection judiciaire de la jeunesse. »
Le Conseil national des missions locales se réjouit, de son côté, du rôle accru accordé aux missions locales dans l'accompagnement des jeunes les plus éloignés de l'emploi, reconnaissance qui s'accompagne de moyens supplémentaires, « notamment pour développer le nombre de contrats d'insertion dans la vie sociale [CIVIS] et renforcer l'allocation versée aux jeunes ».
Le suivi systématique des « décrocheurs » en rupture scolaire lui paraît également une mesure essentielle, tout comme la création d'un service public de l'orientation. Si la CGT ML-PAIO se réjouit également de voir que le travail accompli par les salariés des missions locales « est reconnu à sa juste valeur », elle réclame à nouveau la fin du contrat d'autonomie, instauré par le « plan Espoir banlieues » et son remplacement par un « CIVIS spécifique ZUS (zones urbaines sensibles) » confié aux missions locales. Reste que certaines questions sont passées à la trappe comme le logement, sur lequel « aucune mesure concrète n'a été annoncée », déplore la Fédération des associations générales étudiantes.