En 1969, à New York, le docteur Sayer, chercheur en neurologie, est engagé dans une clinique psychiatrique. A son grand désarroi, on lui confie un groupe de malades très perturbés psychiquement. Il constate qu'au-delà de leur mutisme, de leurs phases de léthargie ou de frénésie incontrôlables, ils ont des réactions et peuvent, par exemple, rattraper une balle au bond. Il apprend qu'ils sont tous rescapés de l'épidémie d'encéphalite qui frappa les Etats-Unis dans les années 1920, et décide de les éveiller à la vie en testant sur eux un nouveau médicament : la dopamine, destinée au traitement des parkinsoniens. Très vite, ils se lèvent, parlent et redécouvrent le monde. Le bonheur sera de courte durée. L'effet de la drogue se révèle temporaire, et la rechute inévitable, graduelle, terrible... Ce scénario, tiré de l'expérience du docteur Oliver Sacks, qu'il consigna dans son essai L'éveil(1), a inspiré la chorégraphe et metteuse en scène espagnole Susana Alcón Blanes, pour sa nouvelle oeuvre Los yo soñados (« le moi intérieur »). Pendant plus de une heure, les danseurs de sa compagnie Flick Flock Danza, valides ou handicapés physiques, psychiques ou mentaux, enchaînent les tableaux sur des musiques de Duke Ellington, Freddy Mercury, mais aussi Bach ou Philip Glass. Dans cette création présentée en France à l'occasion du Festival européen Théâtre et handicap (du 1er au 10 octobre), les danseurs, les uns en blouse, les autres en fauteuil roulant, certains obèses, d'autres hyperlaxes, passent avec aisance de l'harmonie au chaos, dans une mise en scène non dénuée d'humour.
Los yo soñados - Susana Alcón Blanes - Samedi 10 octobre à 20 h 30 - Théâtre Montansier - 13, rue des Réservoirs - 78000 Versailles - 8, 12 et 16 € -
(1) Ce livre a aussi inspiré le film L'éveil, de Penny Marshall, qui valut à Robert De Niro l'Oscar en 1992.