PLUS DURE EST LA CHUTE. Un matin, Philippe ouvre le journal aux pages « Société ». Un article consacré à la fermeture de centres d'hébergement pour les sans-abri attire son attention. A l'époque, Philippe a tout : une épouse, une petite fille qu'il adore, un pavillon en banlieue et un travail de commercial dans les pompes à chaleur. Rien ne lui laisse présager qu'il finira, lui aussi, par échouer au Chapsa de Nanterre. Pourtant, quand sa femme le met à la porte et demande le divorce, tout s'enchaîne inexorablement. Son CDD n'est pas renouvelé ; sans emploi, pas de logement ; sans logement, pas d'emploi. Ses économies s'envolent, de nuits d'hôtel miteux en pensions alimentaires. Philippe sombre dans la rue. Un hiver avec Baudelaire est un roman, mais pourrait tout aussi bien être un témoignage : celui d'une plongée sans fard dans le quotidien des plus démunis, dont les journées se suivent et se ressemblent : « Manger. Dormir. Boire. Rester propre. Emmaüs. Mendier. Regarder la date sur la une des journaux. Penser à Claire. Marcher. Lavomatic. Dormir. Uriner. Compter les jours. Manger. Restos du coeur », énumère Philippe. Mais tout n'est pas si noir dans son parcours. Le SDF fait la rencontre d'un compagnon d'infortune, un irrésistible corniaud, qui lui permet d'être accueilli sur la péniche Le Fleuron Saint-Jean, amarrée au port de Javel Bas, dans le XVe arrondissement parisien, où les travailleurs sociaux l'aident à remonter la pente. Une partie des droits d'auteur d'Un hiver avec Baudelaire est d'ailleurs reversée à ce centre d'hébergement d'urgence, géré par l'ordre de Malte, qui accueille les personnes sans abri avec leurs chiens.
Un hiver avec Baudelaire - Harold Cobert - Ed. Héloïse d'Ormesson - 19 €