TÉLÉVISION

LE CHEMIN DES ÉCOLIERS. A Courcouronnes, dans l'Essonne, on trouve, d'un côté de l'autoroute A6, le quartier du Canal, composé à 90 % de logements sociaux et subissant un taux de chômage élevé ; et, de l'autre côté, un centre-ville à l'esprit de village, habité par des cadres moyens et supérieurs. Tout au long de leur année de CM2, une demi-douzaine d'élèves de l'école élémentaire Jacques-Tati, au Canal, sont venus étoffer la classe de l'école Paul-Bert, au centre-ville. C'est le busing adapté à la française... Expérimenté aux Etats-Unis à partir des années 1970, ce concept vise en effet à promouvoir la mixité sociale en transportant, en bus, les enfants d'un quartier défavorisé vers une institution située dans un secteur mieux loti d'une même ville. Si, outre-Atlantique, ce brassage a quelque peu tourné court - les familles aisées ayant eu tendance à inscrire leurs enfants dans les écoles privées non soumises au busing -, l'expérimentation filmée par Laurent Savariaud et Sandrine Frentz tout au long de l'année scolaire 2008-2009 semble encourageante, même si elle montre ses limites. Dès le début du documentaire, programmé par La chaîne parlementaire (LCP) dans le cadre d'un cycle sur « L'état de l'école », quelques craintes s'expriment chez les parents du centre-ville : vont-ils nous envoyer les éléments les plus perturbateurs ou leurs meilleurs élèves ? Au Canal, on s'interroge d'abord sur le risque de stigmatisation des enfants, avant de constater les effets bénéfiques de ce nouvel environnement. Pour Florence, l'institutrice, la nouvelle configuration de la classe ne semble pas poser de problème spécifique. Mais dans la cour de récré les enfants ont du mal à se mélanger : les Jacques-Tati regrettent qu'à Paul-Bert « on joue pas à des jeux très drôles » !