Dans son roman On n'est pas là pour disparaître(1), Olivia Rosenthal écrivait : « Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la maladie de A n'a rien d'exceptionnel, et c'est justement en cela qu'elle est terrifiante. » Aujourd'hui, avec son comparse photographe Philippe Bertin, l'écrivaine transforme cette maladie encore taboue qu'est Alzheimer en un objet artistique. Ensemble, ils ont élaboré une exposition multimédia itinérante, qui interroge le lien fragile entre notre identité et notre mémoire. « L'idée est de faire sortir la maladie de son cadre médical », explique Philippe Bertin. Il a photographié des comédiens, Jean et Suzon, qui interprètent ce que vit au jour le jour un couple de retraités dont l'un des deux est malade. Soit dix scènes de la vie quotidienne, dans un décor monochrome reconstituant l'intérieur d'un logement à la campagne. Incertitude, maladresse, désorientation, désarroi, anxiété, sautes d'humeur, tristesse, embellie, révélation, partage, plaisir... Avec leurs corps et leurs regards, Jean et Suzon permettent aux visiteurs de comprendre les effets de cette maladie neurodégénérative. A ces photos fixées sur des tables inclinées s'ajoutent une vingtaine d'objets symboliques - des clés, une théière, une pince à linge, un pot de fleurs, un fer à repasser, etc. - qui font le lien entre maladie et usage, ou « mal-usage », desdits objets. Un « kiosque à mémoire » complète l'exposition, offrant une restitution sonore d'ateliers « réminiscence » organisés dans des accueils de jour.
La maladie de A - Exposition multimédia - Le 21 septembre au centre de la Charité de Caen ; du 22 au 26 septembre à la mairie de Caen ; du 16 au 22 novembre à la mairie annexe du XIVe arrondissement de Paris.
(1) On n'est pas là pour disparaître, Ed. Verticales, 2007 et Ed. Folio, 2009. Voir ASH Magazine n° 23, septembre-octobre 2007, p. 56.