S'il y a bien une notion qui a fait florès dans l'action sociale depuis une vingtaine d'années, c'est celle d'accompagnement. Il est vrai que, renvoyant aux idées de partage et de cheminement commun, le concept est à la fois symboliquement fort et suffisamment flou pour se prêter à toutes les utilisations. A cet égard, la lecture de la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances des personnes handicapées est riche d'enseignements : on y trouve plus de 40 occurrences du terme lui-même ou de ses dérivés - « accompagner », « accompagnant », « accompagnateur » -, mais le sens attribué à ces mots est des plus fluctuants, analysent les auteurs. Eux-mêmes s'attellent à circonscrire les différentes composantes de l'accompagnement et les multiples qualités attendues du « bon » accompagnant par les personnes en situation de handicap, en particulier celles qui sont atteintes d'infirmité motrice cérébrale. Ainsi s'ébauche un « art d'accompagner », co-construction de leur relation par les protagonistes, chacun étant amené à revoir quelque peu sa partition : la personne handicapée doit s'efforcer d'objectiver ses attentes jusqu'à devenir, d'une certaine façon, « un véritable «professionnel» de sa propre situation » ; de leur côté, les différents professionnels intervenant auprès d'une personne handicapée ont à assortir leur technicité - quelle qu'elle soit - d'un « supplément d'âme », c'est-à-dire d'une capacité « à se penser soi-même comme un Autre et à penser l'Autre comme un alter ego ».
Handicap et accompagnement. Nouvelles attentes, nouvelles pratiques - Henri-Jacques Stiker, José Puig et Olivier Huet - Ed. Dunod - 22 €