Recevoir la newsletter

« L'AIDE À DOMICILE EST PIÉGÉE PAR SON MODE DE FINANCEMENT »

Article réservé aux abonnés

La rentrée est particulièrement délicate pour les associations d'aide à domicile, qui connaissent des difficultés financières, même en cas de bonne gestion. L'amélioration de la situation passe par une réforme de la prise en charge de la dépendance dans le cadre de la création du cinquième risque, affirme Emmanuel Verny, directeur général de l'UNA (1).

Une association de services à la personne du Nord (2) vient de fermer ses portes, à la suite de difficultés financières. Qu'en pensez-vous ?

Cette fermeture d'une association qui n'arrive plus à joindre les deux bouts est dramatique. Malheureusement, la situation est tendue depuis plusieurs années dans le secteur. A l'UNA, une vingtaine d'associations connaissent d'importantes difficultés financières. C'est la conséquence de l'écart entre les coûts de revient des structures et la tarification arrêtée par les financeurs. Depuis dix ans, les associations d'aide à domicile ont développé une politique de professionnalisation et d'amélioration de la qualité. Aujourd'hui, 35 % des salariés ont un diplôme, contre 12 % à l'époque. Depuis 2002, une politique salariale s'est aussi mise en place. Le coût de la professionnalisation est variable d'une structure à l'autre, il dépend des degrés de qualification et d'encadrement, de l'ancienneté des salariés, des indemnités kilométriques. Or seulement un tiers des conseils généraux tiennent compte de ces variables, les autres ont beaucoup de mal à les intégrer dans le financement des interventions à domicile. L'écart entre le coût réel de la prestation et le tarif appliqué peut atteindre 2 € de l'heure ! La situation est la même pour les prestations d'aide ménagère à domicile financées par les caisses régionales d'assurance maladie. Une association peut donc être bien gérée et se trouver en difficulté financière.

Et les financeurs ?

Ils sont eux-mêmes étranglés. Le budget des conseils généraux consacré à l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) a explosé avec l'augmentation des bénéficiaires (voir ce numéro, page 32). Et nous craignons que cela ne se dégrade encore avec la crise. Devant les charges que les collectivités territoriales vont devoir assumer, elles risquent d'être tentées par des mesures de restriction. Jusqu'à présent, les associations ont pu combler les écarts avec leurs fonds propres, mais les réserves sont maintenant épuisées.

L'entrée du secteur privé lucratif, à la suite des plans Borloo (3), n'a-t-elle pas une part de responsabilité ?

L'ouverture de l'aide à domicile aux structures lucratives n'a pas sensiblement modifié le secteur. Les entreprises commerciales ne se sont pas beaucoup développées en direction des plus fragiles ! La situation des finances publiques a un rôle bien plus important que la concurrence.

Comment se portent les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) ?

Là encore, les modes de financement assurés par les directions départementales des affaires sanitaires et sociales et, dans quelques mois, les agences régionales de santé (ARS), ne permettent pas d'assurer la qualité des prestations. Aujourd'hui les SSIAD prennent bien en charge les personnes qui ont des pathologies légères et moyennes, mais n'ont pas les moyens de s'occuper des patients les plus lourds, qui requièrent des passages fréquents, des visites plus longues.

Le 30 juin dernier (4), vous avez demandé avec 15 autres organisations, un débat public sur la dépendance...

L'aide à domicile est piégée par le mode de financement actuel. Nous souhaitons une réforme en profondeur de la prise en charge de la perte d'autonomie et réclamons une concertation sur la création du cinquième risque « dépendance » : un premier rendez-vous est prévu avec Nora Berra, secrétaire d'Etat aux aînés, dans les prochains jours. Mais nous souhaitons aussi qu'un débat public ait lieu pour que les citoyens soient informés des efforts qui seront nécessaires pour les personnes âgées dépendantes. Que chacun prenne conscience qu'il est concerné par le vieillissement de la société.

Notes

(1) Union nationale de l'aide, des soins et des services aux domiciles : 108 -110, rue Saint-Maur - 75 011 Paris - Tél. 01 49 23 82 52.

(2) L'ADAR (Aide à domicile en activités regroupées) à Lille (non membre de l'UNA), qui employait 380 personnes, a mis la clé sous la porte le 31 juillet, ne pouvant plus éponger son déficit.

(3) Voir ASH n° 2602 du 27-03-09, p. 6.

(4) Voir ASH n° 2616 du 3-07-09, p. 23.

Questions à

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur