Paris la glauque

Nicolas Klotz a beau être natif de Neuilly-sur-Seine, lorsqu'il filme la capitale et ses environs, c'est la noirceur, la saleté et la solitude qu'il raconte. Deux de ses longs métrages engagés - Paria (2000) et La blessure (2004) - viennent de sortir en DVD. A mi-chemin entre le documentaire et la fiction, il y aborde, d'une part, le sort des SDF et, d'autre part, celui des immigrés africains. Les deux scénarios sont signés Elizabeth Perceval, qui, pour les écrire, s'est longuement documentée, s'entretenant avec des demandeurs d'asile et passant du temps avec « ces hommes écrasés, broyés, niés, par la barbarie d'un système » que sont les sans-abri. Victor et Momo, les héros de Paria s'apprêtent à fêter l'an 2000... dans un camion de ramassage du Samu social, avant leur passage dans des centres d'accueil avec leurs douches immondes. L'histoire contée est celle de leur errance sans but dans la glauque nuit parisienne, de leur misère morale et physique. Blandine, l'héroïne de La blessure, est quant à elle une jeune Africaine venue rejoindre son mari à Paris. La « vie meilleure » qu'elle attend commence par des humiliations et des injures racistes proférées par les forces de l'ordre, dont le réalisateur dresse un portrait au vitriol. A l'aéroport, Blandine est blessée à la jambe lors d'une tentative d'embarquement forcé. Peu à peu, cette blessure physique se transforme en blessure morale... Pour Nicolas Klotz, ces deux films, noirs et lents, aux dialogues rares et aux plans-séquences nombreux, représentent « des feux allumés contre le massacre de la sensibilité et le renoncement au monde ».