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Collées au couvent

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L'historienne Françoise Tétard et l'éducatrice spécialisée Claire Dumas se sont penchées sur le destin des « filles perdues » qui, jusqu'en 1968, ont été « rééduquées » par les institutions religieuses.

Brebis égarées ou en danger, fillettes indigentes, enfants maltraitées, orphelines et fortes têtes que leurs familles veulent faire rentrer dans le rang : aux XIXe et XXe siècles, différentes catégories de mineures se retrouvent confinées derrière l'infranchissable clôture de couvents. En effet, les congrégations religieuses - au premier rang desquelles celle du Bon-Pasteur, au coeur de l'ouvrage - se sont fait une spécialité de sauver les filles perdues ou en perdition. C'est à ce titre que, en 1850, ces institutions se voient officiellement missionnées par l'Etat pour rééduquer les mineures condamnées à l'emprisonnement, ou acquittées comme ayant agi sans discernement mais non remises à leurs parents, ou encore détenues par voie de correction paternelle(1). Moyennant le versement d'un prix de journée qui constitue pour les soeurs une appréciable source de revenu, ces « filles de Justice » vivent claquemurées avec les autres pensionnaires. A partir de 1839, et pendant près de cent trente ans, des générations d'adolescentes aux profils divers se côtoient ainsi dans l'institution du Bon-Pasteur de Bourges (Cher), laquelle, au fil du temps, renégocie habilement ses habilitations avec les autorités du moment. En 1968, changement d'équipe et de pédagogie, mais pas de décor ni d'affectation : une armada d'éducatrices spécialisées, guère plus âgées que leurs pupilles, investit l'établissement berruyer acquis par le ministère de la Justice, et fait de cet internat professionnel d'éducation surveillée (IPES) le fer de lance d'une politique de « désenfermement ». Un ouvrage rédigé à quatre mains par Françoise Tétard, chercheuse en histoire de l'éducation spécialisée, et Claire Dumas, éducatrice spécialisée.

Filles de Justice. Du Bon-Pasteur à l'éducation surveillée (XIXe-XXe siècles) -

Françoise Tétard et Claire Dumas - Coédition Beauchesne-ENPJJ - 32 €

Notes

(1) Jusqu'en 1935, un père de famille pouvait demander à la justice l'incarcération de l'un de ses enfants mineurs pour une durée limitée. Après cette date, il pouvait encore réclamer un placement en maison de correction. L'ordonnance de 1958 mettra fin à cette possibilité.

CULTURE

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