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Suicides en prison : des mesures en trompe l'oeil ?

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«Un plan qui pousse la logique à l'absurde » : c'est ainsi que l'Observatoire international des prisons (OIP) qualifie les annonces de la ministre de la Justice concernant la prévention du suicide en milieu carcéral (voir ce numéro, page 21). Patrick Marest, son délégué national, y voit surtout « un effet d'annonce », car nombre des pistes avancées étaient déjà prévues par les précédents programmes. Sur le fond, l'OIP regrette que l'on préfère offrir des « conditions plus favorables au codétenu qui se voit déléguer la tâche de prendre en charge, en lieu et place des pouvoirs publics, la personne en crise suicidaire, plutôt que d'assouplir les conditions de détention de cette dernière ». Ces annonces démontrent également « l'hypocrisie avec laquelle les politiques gèrent le milieu carcéral », s'insurge de son côté FO-Pénitentiaire : « On voudrait nous faire croire que les suicides en prison ne peuvent se régler qu'avec des pyjamas en papier, de la formation et des recrutements de détenus pour aider les détenus vulnérables. » Et le syndicat de réclamer davantage de personnels, notamment des surveillants et du personnel socio-éducatif.

Par ailleurs, toutes les mesures préconisées ont montré leurs limites, estime l'OIP, s'appuyant sur un « Bilan provisoire des suicides en 2008 » établi par l'administration pénitentiaire. Celui-ci indique que 71,5 % des 115 détenus qui se sont suicidés durant l'année 2008 avait été repérés comme « fragiles » ou « suicidaires » et faisaient l'objet de mesures spécifiques de suivi. Ce document jette aussi, selon l'organisation, « un doute sérieux quant à la crédibilité des statistiques officielles concernant le nombre de suicides survenus en prison ». N'y sont comptabilisés ni les décès de personnes libérées après leur tentative de suicide, ni un nombre important de décès considérés comme des « morts accidentelles », notamment ceux survenus à la suite d'une ingestion médicamenteuse, ce qui « laisse présumer l'existence d'un chiffre noir des suicides en détention ».

Une politique de prévention du suicide « déterminée et responsable » impliquerait d'opérer des transformations radicales dans le mode de fonctionnement des établissements pénitentiaires, affirme l'organisation. Il faudrait ainsi « faire cesser les mesures anxiogènes que sont notamment la dépossession de toute intimité, les punitions de quartier disciplinaire ou le régime d'isolement » et bien évidemment lutter contre la surpopulation carcérale. L'OIP souhaite voir confier au ministère de la Santé la responsabilité de la politique de prévention. Elle appelle également le Parlement à se saisir de la question du suicide en prison à travers la création en urgence d'une mission d'information, susceptible de réorienter le projet de loi pénitentiaire qui devrait venir en discussion à l'Assemblée nationale à partir du 15 septembre.

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