Quel avenir pour les 57 propositions du « Livre vert sur la jeunesse », présentées le 7 juillet au terme de quatre mois de concertation (1) ? Après avoir, le 19 juillet dans le Journal du dimanche, exprimé son inquiétude sur le silence de l'exécutif, Martin Hirsch, reçu dans la foulée par Nicolas Sarkozy et François Fillon, s'est montré rassuré : « Les propositions sérieuses et utiles aux jeunes passeront », a déclaré le Haut Commissaire à la jeunesse le 21 juillet, lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. De son côté, Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, a indiqué le même jour sur LCI que le chef de l'Etat devrait annoncer d'ici à la rentrée quelles propositions seraient retenues.
Des propositions qui, si elles étaient entièrement mises en oeuvre et financées, pourrait « constituer un vrai progrès », estime l'Uniopss (Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés sanitaires et sociaux). Le soutien à l'autonomie des jeunes, la création d'un service public de l'orientation, la réaffirmation du rôle des missions locales comme pivot de l'insertion des jeunes, ou encore la création d'une mesure de protection des jeunes majeurs seraient en effet des avancées. Même si, aux yeux de l'Uniopss, le « Livre vert » manque d'un fil rouge qui « définirait une stratégie pour la jeunesse ». Au chapitre des regrets, l'organisation déplore de ne pas avoir été entendue sur sa demande de revalorisation de l'aide personnalisée au logement pour les jeunes en situation précaire, et d'adaptation de son calcul à leurs contraintes. La santé, par ailleurs, figure comme le parent pauvre du document : « C'est le relèvement du plafond de la CMU complémentaire qui doit être la priorité », alors que le « Livre vert » prévoit le doublement de l'aide à la complémentaire santé pour les jeunes.
L'Uniopss s'inquiète par ailleurs de la logique des « droits et devoirs » qui prévaudrait pour l'allocation proposée aux jeunes : sa suspension a été envisagée au bout de deux ou trois refus de propositions d'insertion. Dommage, souligne-t-elle en outre, que le choix entre la dotation ou l'allocation ait été renvoyé à des expérimentations. Pour l'organisation, les deux systèmes auraient leurs avantages et leurs inconvénients. « Capital confiance » accordé aux jeunes, la dotation serait néanmoins moins facile à gérer que l'allocation. Par ailleurs, est-il prioritaire de créer un socle universel de 1 000 € pour tous les jeunes ? L'Uniopss estime plus judicieux d'augmenter le montant maximal pour ceux les plus en difficulté : « le montant prévu de 5 000 € est insuffisant pour permettre une réelle autonomie. » De plus, la formule de prêt remboursable représente un risque de surendettement.
S'agissant de l'insertion, attention, prévient-elle, à ne pas fonder le financement des missions locales sur le seul critère de leur taux d'insertion professionnelle. Alors que le « Livre vert » « est ambigu » sur le sujet, un amendement au projet de loi relatif à l'orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie, adopté en première lecture à l'Assemblée nationale le 21 juillet, prévoit d'ailleurs des dispositions en ce sens. Non sans faire bondir l'UNML (Union nationale des missions locales) (2).
Cette dernière s'alarme également de la volonté de « vouloir recentrer l'activité des missions locales autour des jeunes «les plus en difficulté» au risque de les «ghettoïser» ». L'UNML déplore également que sa préconisation « d'affirmer clairement le positionnement des missions locales en tant que point d'accueil des jeunes de moins de 25 ans » n'ait pas été retenue. Celle-ci aurait aidé, argue-t-elle, les jeunes à identifier ces structures comme leurs interlocuteurs. En revanche, estime l'union, plusieurs propositions méritent d'être appliquées, comme celle supprimant le « délai de carence », qui empêche actuellement les missions locales d'accompagner les jeunes l'année suivant leur sortie du système scolaire. Comme tous les acteurs consultés, elle espère un aboutissement rapide de la loi de programmation préconisée par le document.