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Les entrants en formation : plutôt âgés et surdiplômés

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C'est vers 30 ans environ et avec souvent déjà un niveau supérieur ou égal au diplôme envisagé que les personnes s'inscrivent dans les filières sociales. La DREES brosse le portrait des étudiants de première année.

Quel est le profil des étudiants se préparant aux carrières du travail social ? S'appuyant sur son enquête annuelle menée en 2006 auprès des établissements de formation, la DREES (direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) s'est intéressée à la situation des 27 000 étudiants de première année, sur un effectif total de 55 000 (1). Une étude (2) qui confirme certaines données sur ce public et l'appareil de formation, mais en nuance d'autres.

Ainsi, on n'est guère étonné de constater, au vu de l'évolution de la pyramide des formations, que la majorité des entrants (44 %) s'inscrivent dans une formation de niveau V, s'orientant à 26 % vers le métier d'auxiliaire de vie sociale et à 18 % vers celui d'aide médico-psychologique. 37 % rejoignent quant à eux les formations de niveau III (bac + 2), avec une préférence pour le diplôme d'éducateur spécialisé (15 %) ou d'assistant de service social (10 %). Ils ne sont que 13 % à s'inscrire dans les formations de niveau IV (moniteur-éducateur et technicien de l'intervention sociale et familiale) et 6 % à s'orienter vers les diplômes de niveau I et II (supérieurs à bac + 2) permettant d'accéder à des fonctions de direction, d'encadrement ou de conduite de projet.

Comme l'on pouvait s'y attendre également, les femmes représentent 86 % des nouveaux étudiants. Avec des nuances toutefois puisque les hommes sont 75 % à opter pour la formation d'éducateur spécialisé et 52 % pour celle conduisant au diplôme d'Etat d'ingénierie sociale. Ils sont toutefois légèrement minoritaires (respectivement 47 % et 40 %) pour les préparations aux certificats d'aptitude aux fonctions de directeur d'établissement social (Cafdes) et d'encadrement et de responsable d'unité d'intervention sociale (Caferuis). Si les étrangers ne représentent que 2 % des étudiants de première année, 86 % d'entre eux se destinent aux métiers d'auxiliaire de vie sociale, d'aide médico-psychologique et de moniteur-éducateur.

L'orientation vers les carrières sociales est plutôt tardive, à l'âge de 30 ans en moyenne. Une maturité que l'on doit surtout aux niveaux I, II ou V, où beaucoup reprennent des études pour évoluer professionnellement ou se réinsérer sur le marché du travail. A leur entrée dans ces formations, ils ont d'ailleurs entre 32 ans et 46 ans en moyenne. Rien d'étonnant ainsi à ce que plus d'un étudiant sur deux travaillait dans le champ médico-social ou dans un autre secteur, l'année précédant son inscription.

Ce qui frappe également, c'est que bon nombre des élèves de première année ont déjà un niveau d'études supérieur ou égal à celui sur lequel débouche leur formation : soit qu'ils possèdent au moins le baccalauréat ou un équivalent (respectivement 23 % et 65 % des inscrits des formations de niveaux V et IV), un diplôme de niveau bac + 2 (43 % pour le niveau III) ou le bac + 4 (20 % pour les niveaux I et II). Pour les formations de niveau V accessibles pourtant sans condition de diplôme, on peut supposer, comme le suggère la DREES, que les étudiants optimisent ainsi leurs chances d'admission, espérant ensuite évoluer vers un diplôme supérieur par la voie de la formation continue.

Sans surprise, les niveaux de formation reproduisent les disparités sociales. C'est au niveau V qu'on trouve le plus d'enfants d'ouvriers (38 %) et le moins d'étudiants ayant des parents cadres ou exerçant une profession intermédiaire (8,5 % contre 41 % pour les diplômes de plus haut niveau). Les filières perpétuent également les clivages sociaux puisque si les jeunes qui se destinent aux métiers d'assistant social, d'éducateur spécialisé ou d'éducateur de jeunes enfants sont à 43 % fils ou filles de cadres ou assimilés, ceux qui se préparent à être conseillers en économie sociale familiale et éducateurs techniques spécialisés ont à 50 % des parents employés ou ouvriers.

Quoi qu'il en soit, tous ces entrants en formation ont toutes les chances de décrocher leur diplôme. 90 % des 23 400 étudiants qui se sont présentés aux examens en 2006 ont été reçus. Avec quelques nuances puisque les niveaux I et II enregistrent 79 % de réussite contre 92 % pour les niveaux V ; on compte également 77 % de reçus pour la formation de conseiller en économie sociale familiale contre 94 % pour celle d'éducateur technique spécialisé. Mais à ces nouveaux professionnels qui ont suivi le parcours classique, il faut ajouter les 5 536 diplômés par le biais de la validation des acquis de l'expérience (des auxiliaires de vie sociale à 72 % et des éducateurs spécialisés à 21 %), qui n'était pas encore ouverte à l'ensemble des formations sociales en 2006.

L'étude révèle également la répartition régionale très inégale des étudiants de première année, puisque leur densité fluctue entre 17 (pour la Corse) et 73 (Antilles-Guyane) pour 100 000 habitants. Avec en métropole un pic dans le Nord-Pas-de-Calais (64 élèves pour 100 000 habitants), suivi par l'Alsace (58) et la Franche-Comté (51). Les régions ne proposent pas non plus les mêmes niveaux de formation, certaines (Alsace, Franche-Comté...) ayant mis en oeuvre des politiques volontaristes pour développer les formations de niveau V (avec une proportion d'entrants de 50 %, voire de 59 % contre 42 % en moyenne). D'autres (Champagne-Ardenne, Ile-de-France...) mettent l'accent sur le niveau III. Par ailleurs, 14 % des élèves de première année ont changé de région pour faire leurs études. Principale bénéficiaire de ces migrations, l'Ile-de-France, qui compte le plus grand nombre d'écoles de travail social : 19 % des nouveaux inscrits viennent d'ailleurs alors que seulement 3 % quittent ses frontières.

Enfin, ces étudiants bénéficient à 80 % d'une prise en charge financière. Ce taux monte à 95 % pour le niveau V et à 86 % pour les niveaux I et II, les personnes pouvant être en formation continue ou en congé individuel de formation, percevoir une aide en tant que demandeur d'emploi ou bénéficier d'un contrat d'alternance. Les étudiants des formations de niveau III, le plus souvent en formation initiale, bénéficient moins souvent d'un coup de pouce financier, qui est donné alors sous forme de bourse ou d'autres aides des conseils régionaux ou généraux. Ils sont 37 % à ne pas en bénéficier du tout (55 % pour ceux en formation de conseiller en économie sociale familiale).

Notes

(1) Contre 54 000 étudiants en 2004 et 20 000 en 1985, selon l'étude DREES publiée en août 2006 - Voir ASH n° 2467 du 1-09-06, p. 20.

(2) « Les étudiants se préparant aux diplômes de travail social en 2006 » - Etudes et résultats n° 696 - Juillet 2009 - www. santé.gouv.fr/drees/index.htm. L'étude porte sur les 14 formations préparant aux diplômes du travail social visés au titre V du code de l'action sociale et des familles et ne couvre pas le diplôme d'Etat relatif aux fonctions d'animation.

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