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Michèle Alliot-Marie veut intensifier la lutte contre les suicides en prison

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Au lendemain du suicide d'un détenu intervenu le 17 août à la maison d'arrêt des Baumettes de Marseille, Michèle Alliot-Marie a annoncé le 18 août, lors d'un déplacement à la maison d'arrêt d'Orléans, un certain nombre de mesures pour intensifier la lutte contre les suicides en milieu carcéral. Elle a ainsi demandé la mise en oeuvre « immédiate et intégrale » des recommandations du rapport « Albrand » sur le sujet - rapport rendu public à cette occasion (1) -, complétant ainsi le plan présenté en juillet dernier par son prédécesseur, Rachida Dati, qui s'était aussi appuyée sur ce document. Le docteur Louis Albrand n'avait alors pas souhaité remettre officiellement son rapport à la ministre, estimant qu'il avait été retouché par l'administration pénitentiaire. Aujourd'hui encore, il considère que la version rendue publique par la chancellerie (2) n'est qu'une version « édulcorée » de son travail et que les mesures présentées par Michèle Alliot-Marie sont en conséquence « décevantes ». Il rejoint ainsi l'Observatoire international des prisons dans ses critiques (voir ce numéro, page 27).

En amont de ce plan, la ministre de la Justice et des Libertés avait sollicité la direction de l'administration pénitentiaire pour une analyse rétrospective des suicides constatés depuis janvier dernier. D'après cette étude - non rendue publique -, 81 détenus se sont suicidés, contre environ 90 selon les associations. Un chiffre en hausse par rapport aux autres années (93 pour l'intégralité de 2006, 96 en 2007 et 115 en 2008), reconnaît Michèle Alliot-Marie. Affirmant sa volonté de transparence et soucieuse de mettre fin à cette polémique des chiffres (3), elle a indiqué que le nombre de suicides serait désormais rendu public deux fois par an.

Fait notable : la chancellerie s'est fixé un objectif national de réduction du suicide en milieu carcéral de 20 % en cinq ans. Pour y parvenir, elle entend donc mettre en oeuvre une batterie de mesures telles que la formation au risque suicidaire des différents professionnels et bénévoles intervenant auprès des personnes détenues, l'instauration d'un examen psychiatrique avant tout placement en quartier disciplinaire, l'introduction d'une dynamique d'amélioration continue des soins psychiatriques dans les unités de consultation et de soins ambulatoires et les services médico-psychiatrique régionaux... Le secrétaire d'Etat à la justice, Jean-Marie Bockel, a quant à lui insisté le 18 août, lors d'une interview sur Europe 1, sur la nécessité de mieux préparer au « choc carcéral » et ainsi annoncé la mise en place d'un « suivi personnalisé » des détenus pour prévenir les suicides qui « se font dans les deux premiers mois [de l'incarcération] ». En outre, contrairement à ce qu'avait envisagé Rachida Dati, la fourniture de « kits de protection » (couvertures indéchirables, vêtements déchirables...) ne sera pas expérimentée mais généralisée auprès des détenus susceptibles d'attenter à leurs jours. Enfin, le dispositif des « codétenus référents arrivants », chargés de fournir un soutien aux nouveaux arrivants, sera finalement développé dès la rentrée dans neuf établissements pénitentiaires, au lieu de trois.

Un comité de suivi indépendant, présidé par le psychiatre Jean-Louis Terra - qui assurait la vice-présidence de la commission Albrand - sera installé pour contrôler la mise en oeuvre de ce programme de prévention et de lutte contre les suicides.

Notes

(1) Disponible sur www.justice.gouv.fr.

(2) Voir ASH n° 2616 du 3-07-09, p. 18.

(3) La ministre a en effet expliqué que le nombre de suicides recensés n'était pas le même du fait de méthodes comptables différentes : la chancellerie ne prend en compte que ceux survenus en cellule, à l'exclusion de ceux survenant à l'hôpital.

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