Revisiter l'habitat social

Plus de 11 millions de personnes vivent en France en habitation à loyer modéré (HLM). La loi « engagement national pour le logement », votée en 2006, prévoit de financer 120 000 logements supplémentaires par an à partir de cette année. De par leur nombre, les HLM contribuent donc de façon non négligeable au paysage du pays. Or, si le logement social est un laboratoire de l'architecture, qui tient compte des évolutions familiales et professionnelles en participant à la mutation des métropoles, la créativité des architectes est prise en tenailles entre, d'un côté, les coûts de production et, de l'autre, un arsenal de réglementations et de normes qui en brident la conception. Parmi les programmes français actuellement en cours, la Cité de l'architecture et du patrimoine a déniché 16 opérations qui ont su contourner ces difficultés. Sensibles à l'environnement, leurs architectes ont eu l'idée d'explorer des modes de vie inédits et de nouvelles pratiques de la ville. Malgré un budget contraint, ils sont parvenus à soigner les relations entre les espaces public et privé, à favoriser l'appropriation, à préserver l'intimité et l'individualité, tout en luttant contre l'individualisme. Ils offrent également plus d'espace, en particulier grâce à des prolongements extérieurs (les circulations communes, les balcons et les coursives, les serres...). Bref, ils donnent une véritable identité à ces bâtiments. Dans un petit espace lumineux, perdu dans l'immensité de la Cité de l'architecture et du patrimoine, voici donc les photos, maquettes et plans de 16 programmes sélectionnés pour leur exemplarité. Accompagnés souvent de vidéos comprenant les commentaires des architectes, on découvre des maisons individuelles, en bandes, des habitats groupés, des immeubles de ville - aux noms souvent poétiques : « Quatuor », « Habiter autrement », « Bienfaits de serre » ou « Intime conviction »... « Hautes sur pattes » (photo 1) sont des maisons sur pilotis en périphérie de la forêt de Bayonne ; « Souplesse mathématique » (photo 2), une villa urbaine livrée en 2008 à Nantes, comporte 55 logements répartis en dix bandes de maisons individuelles sur trois niveaux, où chaque villa possède un patio intérieur et une entrée particulière. A voir, également, plusieurs projets parisiens, dont celui de Fantastic Stéphane Maupin, « Terrasses en ville » (photo 3), dans le XVII^e arrondissement. Pour ces 20 logements dont la livraison est prévue en 2011, le cabinet d'architecture a imaginé des maisonnettes en vis-à-vis, donnant sur un jardin intérieur, et trouvé un moyen pour que les résidents ne soient importunés ni par la vue sur le périphérique ni par celle sur le cimetière. Un témoignage de la vitalité de l'architecture sociale.

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