Certaines personnes habitent un squat quelques jours seulement, à leur arrivée dans une ville, avant de trouver refuge chez des amis, dans un foyer ou ailleurs. D'autres y demeurent plusieurs mois, voire des années, lorsque le squat dans lequel elles logent n'est pas évacué. D'autres encore passent de squat en squat, sans jamais parvenir à accéder à un logement ordinaire. Adolescents en rupture, personnes sans abri, familles monoparentales démunies... certes, les habitants des squats viennent de tous horizons, mais la grande majorité sont des migrants et, parmi eux, beaucoup de sans-papiers. Au-delà des plus « connus », à Cachan ou à Saint-Denis, les squats sont partout : en centre-ville à Marseille, en périphérie à Lyon, près de 800 à Paris selon les estimations... Certains peuvent être bien entretenus et spacieux, tandis que d'autres sont surpeuplés, ouverts à tous les vents, sans eau ni électricité. Et, contrairement aux idées reçues, le squatteur n'est pas un « profiteur du système » qui choisit cette vie par goût. Faux propriétaires, pas-de-porte à négocier, etc., il existe un véritable commerce des squats. Dans cet ouvrage riche en témoignages recueillis sur le vif, Florence Bouillon, docteur en anthropologie(1), revient sur l'histoire du logement des immigrés et retrace le parcours « type » d'un squatteur « sans droit ni titre ». Des textes qu'illustrent les superbes clichés de Freddy Muller, photographe indépendant, qui mène depuis plusieurs années un travail sur les questions liées à l'immigration et à l'exclusion. Des photos de la vie quotidienne dans un squat, mettant en avant leur insalubrité, mais aussi d'expulsions musclées, de manifestation de soutien, de l'occupation de la Bourse du travail à Paris par le comité des sans-papiers...
Squats. Un autre point de vue sur les migrants - Florence Bouillon et Freddy Muller - Ed. Alternatives - 22 € - Une partie des droits d'auteur est reversée à l'association Droit au logement
(1) Voir son interview dans ASH n° 2605 du 17-04-09, p. 34.