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La peur du déclassement social est renforcée par la crise

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L'ascenseur social est-il réellement en panne ? C'est une réponse nuancée que propose le rapport du Centre d'analyse stratégique (CAS) sur la mesure du déclassement remis le 9 juillet à Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat chargée de la prospective et du développement de l'économie numérique (1). Il en ressort que le déclassement - défini comme l'incapacité pour un individu de maintenir la position sociale héritée de ses parents - est « en légère augmentation depuis les années 1980 ». Ainsi, « 22 à 25 % des trentenaires et quadragénaires » se retrouveraient aujourd'hui plus bas dans l'échelle sociale que ne l'étaient leurs parents (2), contre « environ 18 % au début des années 80 ». Le rapport note qu'il concerne davantage les enfants de milieu modeste que ceux des cadres et qu'« il touche plus souvent les jeunes femmes que les jeunes hommes ». Les seniors et les travailleurs ayant connu une longue période d'inactivité ou de chômage y sont aussi plus sensibles. S'il corrige un certain nombre d'idées reçues sur l'ampleur du phénomène, le rapport avance que le déclassement « relève moins souvent des réalités objectives que du ressenti des Français », la peur du déclassement étant renforcée par le contexte de crise économique actuel.

C'est à partir des années 2000 que la perception d'une dégradation du niveau de vie s'est installée. Pour les classes moyennes inférieures, des éléments objectifs l'expliquent, comme l'augmentation plus rapide des dépenses contraintes (électricité, eau, gaz...) que des revenus. Dans le contexte de hausse exceptionnelle des prix des logements, la part des dépenses liées aux loyers a nettement augmenté dans le budget des ménages et « la probabilité d'accès à la propriété se dégrade au fil des générations » pour les plus modestes. Cependant, le risque de perdre son logement est davantage ressenti que réel, ce qui néanmoins influe sur le sentiment de déclassement. La déception est aussi liée à l'installation contrainte dans les zones périurbaines, l'explosion des prix dans les agglomérations excluant les moins fortunés du centre-ville.

Le surendettement, qui concerne des ménages aux revenus modestes (compris pour la majorité entre le RMI et le SMIC ou, pour un quart, entre le SMIC et 1 500 € ), joue un rôle d'accélérateur du déclassement, lui-même causé par des accidents de la vie plus nombreux (perte d'emploi, séparation, maladie ou accidents). Les crédits à la consommation, particulièrement les crédits permanents ou « crédit revolving », sont à l'origine de nombreuses situations de surendettement. A ce titre, estime le CAS, « le projet de loi sur le crédit à la consommation, en cours de discussion au Parlement, devrait améliorer la prévention du surendettement » (3).

En conclusion, le rapport cible trois recommandations prioritaires. En premier lieu, il s'agit de favoriser les perspectives d'insertion initiale et d'évolution sur le marché de l'emploi à tous les âges et pour tous les milieux. Le CAS juge par ailleurs nécessaire d'améliorer le niveau et la qualité de vie des classes moyennes par un développement de l'offre de logements à leur destination. Enfin, le rapport propose d'approfondir la dynamique de réforme de l'Etat-providence dans le sens d'une plus grande équité inter et intragénérationnelle.

Notes

(1) La mesure du déclassement : informer et agir sur les nouvelles réalités sociales - Disponible sur www.strategie.gouv.fr.

(2) Une estimation que le sociologue Camille Peugny, auteur d'un récent ouvrage sur le déclassement, juge minimale - Voir ce numéro, p. 32.

(3) Voir ASH n° 2607 du 01-05-09, p. 16.

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