ERRANCES LONDONIENNES. Somers Town, c'est un quartier. Au coeur de Londres, il a accueilli l'une des premières HLM de la capitale. Aujourd'hui, il abrite trois gares, dont le terminus de l'Eurostar, et 30 hectares en cours de rénovation. La population d'ouvriers étrangers venue construire logements, écoles et bureaux s'est elle-même installée dans ce quartier mutant. Marius est arrivé de Pologne avec son fils, Marek. Mais l'adolescent désoeuvré supporte de plus en plus mal les escapades alcoolisées de son père. Alors, quand il tombe sur Tommo, 16 ans, tout juste sorti de son foyer d'accueil dans les Midlands, Marek, d'abord méfiant, finit par accepter de l'héberger et de partager ses errances. Ensemble, ils volent des robes au pressing, poncent des chaises longues, traversent la ville en chaise roulante et, surtout, pensent à la belle Maria, qui sert à la cafétéria. Petit à petit, parce qu'ils sont deux, parce que Maria leur sourit, leur masque d'agressivité tombe. Ils prennent le risque de se confier, envisagent même des projets : l'avenir ne ressemble plus à un mur.
Après le haletant This Is England, l'histoire d'un garçon solitaire qui sympathise avec des skinheads, le réalisateur Shane Meadows met de nouveau en scène le jeune comédien Thomas Turgoose, en s'intéressant davantage à la poésie du quotidien, à ses moments clownesques, à ses subtilités infimes. Dans Somers Town, le cinéaste dépeint surtout une Angleterre populaire moins désespérée. Sans tomber, non plus, dans la leçon d'espoir. L'image a été longuement réfléchie, en noir et blanc, les lumières donnant au quartier des allures d'un autre temps.
Somers Town - Shane Meadows - 77 min - Sortie le 29 juillet -