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Dans la « cour des Miracles » de Nanterre

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Pendant un an et demi, l'anthropologue Yann Benoist a parcouru les couloirs du Chapsa, au sein du sinistre dépôt de mendicité de Nanterre, qui héberge chaque nuit les sans-domicile amenés de Paris.

ancien

La Maison de répression de Nanterre n'est plus une prison depuis longtemps. Pourtant, le centre d'accueil et de soins hospitaliers (CASH), qui en est l'héritier, reste profondément marqué par l'allure carcérale de l'ancien dépôt de mendicité. Il n'y a pas que l'architecture des bâtiments qui rappelle le « grand renfermement » des fous et des vagabonds analysé par le philosophe Michel Foucault. Le fonctionnement de l'établissement, qui abrite toutes les nuits des centaines de sans-logis, se place, lui aussi, dans cette continuité coercitive, estime Yann Benoist, qui dénonce un mode de gestion de la pauvreté consistant à « mettre à l'écart de Paris une population jugée «indésirable» ». Pour étudier l'organisation de l'institution, composée d'un pôle sanitaire et d'un pôle social, l'anthropologue en a fréquenté plusieurs structures pendant dix-huit mois, parmi lesquelles le centre d'hébergement et d'aide aux personnes sans abri (Chapsa), souvent qualifié de « cour des Miracles » - à cela près que les gueux n'y sont pas prodigieusement guéris. Au Chapsa, l'accueil des sans-domicile se fait pour la nuitée, renouvelable indéfiniment, et nombre d'entre eux viennent quotidiennement à Nanterre depuis plusieurs années. Ils y sont conduits depuis Paris, puis sont rapatriés le lendemain par trois services spécialisés car, sauf exception, personne ne peut se présenter spontanément au Chapsa. Décrivant les différentes facettes de la population hébergée, qui évolue en fonction des heures d'arrivée au centre, les odeurs qui emplissent le hall - « parfois à peine soutenables » - et les disputes des SDF entre eux ou avec le personnel, l'auteur donne à voir « le climat permanent d'angoisse qui [...] hante le lieu », malgré les efforts faits au cours des deux dernières décennies pour améliorer les conditions de vie des usagers.

Sans-logis de Paris à Nanterre. Ethnographie d'une domination ordinaire - Yann Benoist - Ed. L'Harmattan - 24 €

CULTURE

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