Certains attendent à Calais, d'autres se glissent dans un camion pour rejoindre l'Angleterre, pendant que quelques-uns s'arrêtent en cours de route, vivant dans la clandestinité. Mais qu'arrive-t-il aux migrants qui échouent, qui sont expulsés, renvoyés au pays ? En tournant Bronx-Barbès en 1999, histoire de gangs dans les quartiers populaires d'Abidjan, Eliane de Latour a croisé certains de ces « revenants ». « De retour en Côte d'Ivoire, ils sont mis à l'écart, montrés du doigt, et tombent dans le désoeuvrement, quand ce n'est pas l'alcoolisme », raconte la réalisatrice. C'est ainsi qu'est née l'idée d'une suite, Après l'océan, un film « qui ne porte pas sur l'immigration, avec un voyage dramatique, ni sur l'intégration, avec les questions de papiers, mais sur l'imaginaire qui pousse les jeunes gens vers cette aventure ».
Otho revient donc, aigri, mais il décide de s'intéresser aux moyens de développer l'économie locale. Shad, son acolyte de voyage, réussit, lui, à passer. Il devient rabatteur dans une boutique de rallonges capillaires du quartier parisien de Château-d'Eau. Il y découvre une autre violence, et une vie de combines. Là encore, la réalisatrice, anthropologue de formation, a mené une longue enquête, « pour ne pas prendre les lieux comme simples décors, mais pour avoir un regard de l'intérieur ». C'est réussi. Un monde parallèle se dévoile. Où les bons et les mauvais ne sont pas, uniquement, stigmatisés par la couleur de leur peau.
Le regard est neuf, le film hors normes. A tel point, cependant, qu'il hésite souvent entre fable réaliste et thriller haletant, entre argot ivoirien et humour français, au risque de rester dans l'entre-deux et de perdre quelques spectateurs en route, malgré une bande originale envoûtante.
Après l'océan - Eliane de Latour - 108 min - En salles dès le 8 juillet - Infos sur