QUAND VIENT LE SOIR... A l'orée du XXe siècle, 60 ans était l'âge à partir duquel un médecin était dispensé d'apporter, pour un décès, un autre diagnostic que celui de « vieillesse ». Aujourd'hui, compte tenu du bond en avant de l'espérance de vie, c'est lorsque leurs enfants avoisinent eux-mêmes la soixantaine que les parents entrent dans la dernière partie du voyage. Autre situation inédite de la période contemporaine, qui résulte à la fois des progrès de la médecine et de l'absence de guerre sur le territoire français depuis plus de soixante ans : pour l'essentiel, les décès ne surviennent plus à n'importe quel âge. « Seuls les vieux, ceux qu'on rencontre dans les maisons de retraite ou qu'on visite à l'hôpital, sont perçus comme des êtres condamnés à mourir [...], ce qui contribue à leur donner une place particulière dans l'imaginaire social », analyse Georges Arbuz, universitaire membre de la Société française de gériatrie et de gérontologie, qui signe plusieurs des très fines contributions réunies dans cet ouvrage. Conséquence de ces constats : c'est au carrefour de deux crises existentielles majeures - correspondant, pour l'une, à la prise de conscience de son avancée en âge, et pour l'autre, à celle de l'arrivée au soir de sa vie - qu'ont lieu aujourd'hui les dernières années de la relation entre les jeunes retraités et leurs parents âgés. Cette relation, qui a pour horizon la mort et la séparation, mobilise d'autant plus d'émotion qu'elle réactualise des moments forts, et parfois très anciens, du passé commun des protagonistes, comme l'explique Georges Arbuz, qui plaide pour que ces derniers bénéficient, les uns comme les autres, d'un soutien psychologique approprié.
La bien-traitance au soir de la vie. Avancer en âge - Sous la direction de Georges Arbuz et Danielle Rapoport - Ed. Belin - 21 €