Hiver 2007. Briag Courteaux, photographe, se rend chaque jour pendant trois mois au camp des Enfants de Don Quichotte du canal Saint-Martin, à Paris. A la rencontre des sans-abri. Pour discuter avec eux, connaître l'histoire qui les a amenés à la rue. De ces entrevues, il tire un reportage visuel et sonore qui apporte un autre regard sur l'événement. Dans la petite galerie Le Bleu du ciel, dans le vieux Lyon, sont ainsi exposés des portraits géants (12 photos en noir et blanc de 1,25 m sur 85 cm) de Jean-Marc, Soukres, Boris, Stéphanie ou Ahmed. « Le but est que le spectateur bien intégré dans la société croise le regard du sans-abri dans un face-à-face qui ne se produit plus dans le quotidien », explique l'artiste. Visages marqués, yeux cernés, un sourire parfois esquissé, le choc est brutal. A travers ces portraits, Briag Courteaux montre des individus, leur histoire, leur chemin de vie, et leur offre une « identité ». Il leur donne aussi un droit à la parole : sur deux plots à côté des photographies, des casques permettent d'entendre les témoignages recueillis. Certains y racontent leur parcours depuis l'enfance - « J'ai pris des coups de fer sur la gueule à partir de l'âge de 10 ans. J'ai préféré partir » -, tandis que d'autres parlent du quotidien dans la rue : « Il ne m'est jamais rien arrivé de grave. Ce n'est pas le cas de toutes » ; « La rue m'a appris autant qu'elle m'a pris. » Briag Courteaux n'a, dit-il, pas eu de mal à approcher les SDF. « Ma démarche a été facilement acceptée car ils voyaient que je m'intéressais à eux. Les femmes étaient plus pudiques, mais tous se sont livrés à moi et je veux à mon tour transmettre aux autres, pour que l'«après-canal» ne soit pas stérile. »
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Identité - Photos de Briag Courteaux - Jusqu'au 18 juillet - Galerie Le Bleu du ciel - 10 bis, rue de Cuire - 69004 Lyon - Ouvert du mercredi au samedi, de 15 h à 19 h