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AUTONOMIE DES JEUNES : « UTILISER LE SAVOIR-FAIRE DES MISSIONS LOCALES »

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La concertation sur la politique de la jeunesse, dont le « livre vert » devrait être publié à la fin du mois, accouchera-t-elle d'une souris ? C'est la crainte de Christelle Tavarès, déléguée générale de l'Union nationale des missions locales (1), qui demande, pour le moins, qu'on reconnaisse l'expertise de ce réseau dans l'accompagnement des publics en difficulté.

Partagez-vous les critiques émises sur la méthode de concertation ?

Nous avons salué l'idée d'installer une concertation sur les politiques de la jeunesse. Et il faut rendre hommage à Martin Hirsch d'offrir un espace de parole aux acteurs de terrain et d'accepter la confrontation, plutôt que de s'enfermer dans son bureau. Cependant, il n'est pas réaliste de vouloir rédiger un « livre vert » en réunissant 80 associations pendant trois mois sur des sujets aussi complexes que l'emploi, le logement ou les ressources des jeunes. Nous avons le sentiment d'une concertation à marche forcée avec des réunions très rapprochées dont on découvre les documents préparatoires, souvent tard le soir pour le lendemain. C'est épuisant, d'autant qu'il nous faut dans le même temps consulter nos adhérents et argumenter nos contributions.

Craignez-vous, comme d'autres, que le « livre vert » ne soit du coup qu'une compilation d'analyses ?

De fait, nous avons de grandes inquiétudes sur ce document. Nous espérions des engagements et des orientations permettant d'impulser une politique renouvelée à l'égard des jeunes. Dans sa version actuelle, le « livre vert » se focalise sur une série d'objectifs chiffrés peu réalistes, comme parvenir à 100 % d'emploi pour les jeunes, réduire à moins d'un quart le nombre de jeunes en décrochage scolaire ou universitaire, ou permettre à 100 % de jeunes d'être inscrits sur les listes électorales. En revanche, nous ne retrouvons pas les synthèses et les propositions qui avaient émergé des groupes de travail. Nous craignons que la montagne n'accouche d'une souris.

Sur la question des ressources des jeunes, Martin Hirsch privilégie l'idée d'une dotation en capital. Comment accueillez-vous cette proposition ?

Il s'agirait d'un dispositif à trois étages pour aider les jeunes à rechercher un premier emploi, faire une formation, passer le permis de conduire. Au premier niveau, une dotation en capital, universelle donc sans condition de ressources, serait attribuée dès 18 ans, au deuxième étage, elle serait accordée en fonction des revenus des parents et au troisième, le jeune bénéficierait d'un prêt remboursable dès qu'il a un emploi durable. Mais des questions se posent. A quelle hauteur et sur quel budget va-t-on financer ces dotations puisque la contrainte est de ne pas augmenter la dette de l'Etat ? Est-il pertinent de verser une allocation sans contrepartie à des jeunes en grande difficulté ? Une somme d'argent ne suffit pas à les mobiliser si elle n'est pas assortie d'un accompagnement et d'un projet d'entrée en formation ou dans l'emploi.

Justement, Martin Hirsch a indiqué vouloir renforcer l'action des missions locales (2)...

En 2008, lors du « Grenelle de l'insertion », il pensait que les missions locales ne faisaient que de l'information et de l'orientation. Il a, depuis, compris l'intérêt d'un réseau qui reçoit 1,2 million de jeunes en grande difficulté (dont 43 % n'ont pas de qualification) chaque année. Reste qu'en raison de la baisse du Fonds social européen 2007-2013 et du fonds pour l'insertion professionnelle des jeunes (3), de la stagnation des subventions depuis 2005, et face à l'augmentation des demandes, les structures sont obligées de geler des postes ou de licencier. En outre, par manque de place, les jeunes doivent parfois attendre trois mois avant d'entrer en formation !

Qu'attendez-vous de la concertation ?

La définition d'une politique de la jeunesse ambitieuse avec des orientations et des engagements financiers. Nous demandons également que les missions locales, qui ont une vocation d'accompagnement généraliste et sont bien identifiées par ces publics, soient reconnues comme l'unique opérateur dans l'accompagnement des jeunes ayant besoin d'un appui dépassant le seul cadre de l'emploi. Nous réclamons qu'on utilise notre savoir-faire, qu'on nous donne les moyens de développer des projets pour les jeunes.

Notes

(1) UNML : 61, rue Pierre-Cazeneuve - 31200 Toulouse - Tél. 05 34 42 23 00.

(2) Lors de son audition au Sénat - Voir ASH n° 2612 du 5-06-09, p. 11.

(3) Ce dernier est passé de 75 millions d'euros en 2005 à 20 millions d'euros en 2009.

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