Après avoir été essentiellement conçues sur un mode substitutif - les institutions remplaçant les familles défaillantes -, les interventions socio-éducatives conduites dans le champ de la protection de l'enfance sont désormais axées sur la coéducation. Du moins est-ce là le « politiquement correct » d'une époque qui, cependant, envoie aux professionnels de multiples messages souvent contradictoires, souligne le psychosociologue Laurent Barbe. Les intervenants, par ailleurs, doivent aussi se méfier de « continuer à faire toujours pareil en désignant simplement les choses autrement », met en garde Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste. Réunis dans cet ouvrage par la Fondation d'Auteuil, les auteurs prennent néanmoins le risque d'affirmer que le temps de la réhabilitation du rôle des parents est venu, et leurs réflexions et présentations d'expériences envisagent les modalités de ce travail différent avec les intéressés. A cet égard, la loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l'enfance ouvre le champ à de nouvelles pratiques, qui reposent sur le « faire avec, être avec » les familles et vont dans le sens du développement de leur pouvoir d'agir, explique pour sa part Bernard Vallerie, maître de conférences à l'université Pierre-Mendès-France de Grenoble. Ce changement du mode de relation aux parents implique un changement de posture des intervenants, amenés à passer du surplomb à la coopération. Mais « si les professionnels du secteur savent généralement écouter, ils sont en revanche beaucoup moins préparés à consulter, et encore moins à négocier », estime Claude Roméo, ancien directeur de l'enfance et de la famille au conseil général de Seine-Saint-Denis.
Familles et professionnels de l'action sociale. Eduquer ensemble - Ouvrage coordonné par Chantal Paisant - Ed. Chronique sociale - 18,90 €