«Victime d'un double abandon » - celui des malades et celui des soignants -, la psychiatrie en France « est à un tournant de son histoire ». C'est ce qui ressort d'un rapport présenté le 3 juin par le sénateur (UMP) Alain Milon, au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé (1). Malgré le plan « psychiatrie et santé mentale » 2005-2008, « aucune réforme d'ampleur n'a encore été menée », dénonce l'élu du Vaucluse. De plus, les objectifs en matière de santé mentale inscrits dans la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique n'ont pas été atteints. Le rapport formule donc 15 propositions d'évolution de la prise en charge de la santé mentale.
Parmi elles, la limitation du recours à la contrainte dans la thérapie car « en psychiatrie plus qu'ailleurs, la prévention des rechutes est liée à l'observance, l'adhésion aux traitements prescrits, et celle-ci passe par la compréhension des raisons du traitement par le malade ». Soulignant le lien entre insertion sociale et observance des traitements, il recommande par ailleurs d'accentuer les efforts en direction des malades en situation de marginalité sociale, des détenus ou encore des migrants. Autre proposition : développer les campagnes d'information et de dé-stigmatisation des troubles psychiatriques.
« La psychiatrie souffre des mêmes difficultés que les autres spécialités médicales en termes de démographie et de répartition territoriale », souligne encore Alain Milon. Il recommande donc d'expérimenter, dans des départements pilotes, des groupements locaux de coopération pour la santé mentale, dont la création a récemment été proposée par le rapport « Couty » (2). Il suggère également d'organiser des états généraux de la santé mentale pour tirer les leçons de ces expériences, en préalable au dépôt d'un projet de loi sur le sujet.
(1) Rapport sur la prise en charge psychiatrique en France - Disponible sur