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La France doit soutenir en priorité l'emploi des jeunes les moins qualifiés, selon l'OCDE

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La France devrait faire plus pour faciliter la transition des jeunes non qualifiés vers l'emploi. En priorité, le gouvernement devrait aider ceux qui en sont le plus éloignés et renforcer la protection sociale des jeunes les plus démunis, selon un rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) remis le 20 mai au secrétaire d'Etat chargé de l'emploi, Laurent Wauquiez, et au Haut Commissaire à la jeunesse, Martin Hirsch (1).

Les jeunes, premières victimes de la crise

Ce document est rendu public alors que la France, comme l'ensemble des pays industrialisés, connaît actuellement la pire récession économique de la période d'après-guerre. Du reste, selon les dernières prévisions de l'organisation, le taux de chômage dans la zone de l'OCDE pourrait approcher les 10 % en 2010, contre 5,6 % en 2007.

Dans ce contexte, quid des jeunes ? Dans tous les pays de l'OCDE, ils sont souvent les premiers à perdre leur emploi alors même qu'ils n'ont généralement qu'un accès limité à la protection sociale. La France n'échappe pas à cette tendance : en mars dernier, le taux de chômage des jeunes a ainsi atteint 21 %, soit quatre points de pourcentage de plus que la moyenne des pays de l'OCDE. « La priorité à court terme est de prendre des mesures ciblées sur les jeunes les plus à risque », a déclaré le secrétaire général de l'OCDE lors de la présentation du rapport à Paris. Angel Gurría s'est d'ailleurs « réjoui » de l'initiative de Nicolas Sarkozy de lancer fin avril un plan d'urgence pour l'emploi des jeunes (2). « C'est en effet maintenant qu'il faut agir car sinon, a-t-il prévenu, les jeunes qui débutent sur le marché du travail en 2009 [...] courent un grand risque de devenir une génération sacrifiée. » Le plan français, qui mise beaucoup sur les formations en alternance, va très précisément dans la direction préconisée par l'OCDE, et ce d'autant plus qu'il « se place d'emblée dans une perspective de long terme ». En effet, pour son secrétaire général, « il est très important que les mesures prises actuellement contribuent à répondre aux problèmes d'insertion de nature plus structurelle qui existaient avant même le début de la crise ».

Parmi les pistes lancées, l'extension du RSA aux moins de 25 ans

Mais l'OCDE recommande au gouvernement de mettre en place bien d'autres mesures que le développement des contrats d'apprentissage et de professionnalisation. Comme, par exemple, d'étendre les conditions d'éligibilité à l'assurance chômage pour les jeunes. Pour l'organisation, il serait en effet bienvenu, notamment en temps de crise économique, de valider toute période d'emploi des jeunes, comme les périodes de stage ou d'alternance, de manière à atteindre le nombre de mois requis pour être indemnisé. L'OCDE plaide par ailleurs pour l'instauration d'un « filet de sécurité » pour les jeunes de moins de 25 ans les plus démunis. A terme, selon elle, il conviendrait ainsi d'envisager l'extension du revenu de solidarité active (RSA) aux moins de 25 ans. Il s'agirait aussi de mettre plus de moyens pour l'accompagnement personnalisé des jeunes sans qualification vers l'emploi et d'améliorer la gouvernance afin de mieux coordonner l'action au niveau national et territorial.

Pour l'OCDE, d'autres pistes mériteraient d'être explorées comme encourager activement le parrainage des jeunes issus de l'immigration par des cadres du secteur privé, limiter aux jeunes non qualifiés les aides publiques à l'apprentissage, augmenter de façon significative les places d'apprentissage dans le secteur public pour les jeunes les moins qualifiés ainsi que les entrées dans le programme « PACTE » (parcours d'accès aux carrières de la fonction publique territoriale, hospitalière et de l'Etat) (3). L'organisation invite également le gouvernement à poursuivre les efforts pour réduire globalement la segmentation du marché du travail. Concrètement, comme c'est le cas aux Pays-Bas, les emplois temporaires (contrat à durée déterminée et intérim) pourraient, au bout d'un laps de temps ou d'un certain nombre de renouvellements, être automatiquement convertis en contrat à durée indéterminée pour tous les travailleurs quel que soit leur âge, suggère-t-elle.

Selon l'instance, l'exécutif français devrait également envisager de subventionner « modérément » le travail étudiant pour le faire décoller. Les étudiants qui travaillent à plein temps toute l'année pourraient ainsi, par exemple, bénéficier d'une subvention, sous forme d'une allocation ou d'un complément de salaire, pour un maximum de 15 heures de travail par semaine. Par ailleurs, elle recommande de mettre en place des stages obligatoires à l'université dès la licence, de sanctionner les entreprises qui abusent de « faux stages » et d'étendre au secteur public l'application du décret qui prévoit une gratification obligatoire pour les stages de plus de trois mois (4).

Au-delà, selon l'OCDE, la scolarité obligatoire pourrait être arrêtée à la fin de l'année scolaire plutôt qu'à la date anniversaire des 16 ans et être étendue jusqu'à 18 ans si le jeune est sans formation. L'organisation propose en outre de créer un droit différé à la formation pour les jeunes sortis du système scolaire sans maîtriser les savoirs de base, sans qualification et/ou sans diplôme. Et de faire bénéficier davantage les petites entreprises des fonds pour la formation professionnelle pour leurs dépenses de formation ciblées sur les jeunes peu qualifiés en emploi. La réforme en cours de la formation professionnelle (5) devrait oeuvrer à la réalisation de cet objectif.

Notes

(1) Des emplois pour les jeunes - Résumé et principales recommandations disponibles sur www.ocde.org.

(2) Voir ASH n° 2607 du 1-05-09, p. 5.

(3) Voir ASH n° 2446 du 10-03-06, p. 21 et n° 2447 du 17-03-06, p. 21.

(4) Sur ce dernier point, l'OCDE devrait obtenir satisfaction puisque le gouvernement a récemment annoncé que, dans la fonction publique comme dans le secteur privé, tout stage de plus de deux mois devrait prochainement être rémunéré par une gratification d'au moins 30 % du SMIC - Voir ASH n° 2607 du 1-05-09, p. 10 et ce numéro, p. 21.

(5) Voir ASH n° 2608 du 8-05-09, p. 8.

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