Un minot chez les Gitans

« Ce sont toujours les déshérités, les exclus, les minoritaires qui m'attirent, annonce le réalisateur Karim Dridi. Les zones de friche, les no man's land, les bidonvilles m'inspirent bien plus que les quartiers bourgeois et bien gardés. L'injustice sociale est source de conflit, de drame, de tragédie, de mort, et donc de vie. » Pas étonnant, alors, qu'il ait figé l'action de son film Khamsa dans un camp gitan de Marseille et embauché des comédiens non professionnels. Passé presque inaperçu lors de sa sortie en salle en octobre dernier, ce long métrage nous conte la dure histoire de Marco, 11 ans, qui fugue de sa famille d'accueil pour retrouver le camp gitan qui l'a vu naître. Rejeté par son père, sa belle-mère et quelques-uns de ses copains d'enfance parce que sa mère, morte en couches, était maghrébine, il va mal tourner : soirées arrosées, vol de scooter et combats de coqs... Ses mauvaises fréquentations l'entraînent rapidement vers le cambriolage de villas. Pourtant, l'enfant rêve de partir vivre en Espagne, pour y devenir boulanger, mais ses actes le mèneront plus sûrement dans un établissement pénitentiaire pour mineurs... Khamsa, c'est aussi une chronique de la vie dans un camp gitan : les haines et les amitiés, les larcins et l'entraide, la saleté et la pauvreté aussi, loin des clichés exotiques véhiculés sur les Tsiganes.