«Mettre en conversation des forces qui s'activent mais ne se connaissent pas », tel était l'objectif de la rencontre organisée, le 15 mai à Paris, entre les initiateurs de l'« Appel des appels » (1) et quatre organisations syndicales (FSU, CFDT, Solidaires, CGT) ainsi que le collectif Alerte. Animée par Daniel Le Scornet, fondateur de La Fraternelle (2), cette réunion a permis de faire émerger les « convergences » entre les mobilisations portées par les syndicats et le mouvement de l'« Appel des appels », qui rassemble aujourd'hui près de 76 000 signataires, dont de nombreux professionnels du social, du médico-social et de la santé. Pour Anousheh Karvar, secrétaire nationale de la CFDT, il est nécessaire de « réfléchir à de nouvelles formes de mobilisation », de « trouver, par l'addition d'intérêts particuliers, une forme d'action collective » dans le contexte d'insécurité actuelle. La CGT rappelle d'ailleurs que les syndicats et les associations oeuvrent déjà ensemble pour la régularisation des sans-papiers ou la mise en place du revenu de solidarité active (RSA). « Nous nous mobilisons déjà avec les partenaires sociaux sur des questions concrètes comme l'accompagnement des personnes en difficulté », souligne ainsi Olivier Brès, président du Collectif Alerte. Difficile cependant d'aller plus loin dans le rapprochement des diverses organisations, qui ont chacune leur stratégie et dont les analyses sur la crise actuelle divergent. Les notions de « malaise de civilisation » et de « résistance » défendues par l'« Appel des appels » ne sont guère partagées pas les syndicats, même si ces derniers reconnaissent l'intérêt d'avoir une « contre-expertise citoyenne et éthique » sur laquelle appuyer leur revendication.
Au final, cette rencontre est davantage l'occasion de poser « les termes d'un débat que de conclure sur une position commune », explique Olivier Brès. A la suite de cette réunion, l'« Appel des appels » entend contacter les quatre autres syndicats nationaux qui n'étaient pas présents le 15 mai. Au programme aussi : inciter les comités locaux installés dans plusieurs villes à organiser à leur niveau des rencontres ouvertes aux associations et aux syndicats. Alors que la crise s'annonce longue, Daniel Le Scornet insiste sur la nécessité de « se donner du temps » pour réfléchir de façon transversale à la période que nous traversons : « N'y a-t-il pas nécessité de relire la crise de façon anthropologique, et pas seulement sous l'angle de l'emploi et des salaires ? »
(1) Voir ASH n° 2595 du 6-02-09, p. 26 et n° 2602 du 27-03-09, p. 27 -
(2) Laboratoire de recherches et de propositions, créé en 2008, et réalisant des travaux sur la transversalité artistique, scientifique et sociale.