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FO démontre, dans une enquête, le manque de moyens dans les EHPAD

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A l'heure où la grogne des gestionnaires d'établissements grandit face aux nouvelles dispositions tarifaires applicables aux établissements médico-sociaux (1), FO rend publique une enquête qui, éléments chiffrés à l'appui, met en évidence les difficultés des maisons de retraite. Celle-ci rejoint les constats d'une précédente étude de la Fédération hospitalière de France (FHF) qui liait le manque de professionnels dans les structures et les risques de maltraitance (2). Le syndicat a interrogé, en décembre 2008, 68 établissements allant de 37 à 1 300 places, relevant de la fonction publique hospitalière (ce qui ne correspond pas à un échantillon représentatif). Créés pour le plus ancien en 1965, pour le plus récent en 2008, certains sont autonomes, d'autres rattachés à un hôpital. Outre le niveau d'encadrement, deux thématiques ont été retenues : l'état du cadre bâti et les tarifs appliqués.

Sans surprise, l'étude montre que « le niveau d'encadrement est trop faible en nombre comme en termes de qualification ». Ainsi le ratio d'encadrement se situe à 0,52 pour un résident, tous personnels confondus, et le « ratio soignant » (infirmière, aide médico-psychologique et agent de service hospitalier) à 0,38 pour un résident (3). Des chiffres nettement en deçà des objectifs du plan « Solidarité grand âge » (4), qui prévoyaient d'atteindre un ratio de 0,65 (tous personnels confondus) et de un pour un pour les personnes les plus malades. En outre, « le poids des emplois aidés dans les effectifs est très important alors qu'il y a peu d'emplois non pourvus, relève Luc Delrue, secrétaire fédéral FO, ce qui montre que les autorisations d'effectifs sont inférieures aux besoins ». Alors que le plan de relance de l'économie encourage les établissements médico-sociaux à signer des contrats d'accompagnement dans l'emploi (CAE) (5), Luc Delrue déplore le « cynisme » de cette disposition. « On fait miroiter aux personnes qui signent un contrat aidé la possibilité d'une insertion professionnelle stable, mais en fait, à l'issue de leur contrat, on ne peut pas les embaucher. » Sans compter que la multiplication d'emplois aidés entraîne la déqualification des métiers : « On ne s'improvise pas aide-soignant ! Manipuler une personne très fragile demande un savoir-faire ! », s'indigne Luc Delrue.

Autre constat : la vétusté des établissements pèse sur les conditions de travail. « 15 années de service correspondent au moment où les équipements reviennent très chers à l'entretien », précise l'étude, qui relève que le niveau d'équipements pour personnes à mobilité réduite est insatisfaisant : 34 % des établissements sont de plain-pied et seulement 41 % ont un monte-malade. Quant aux dispositifs de sécurité (interphone, dispositif antifugue, vidéosurveillance...), 40 % des établissements n'en disposent pas, ce qui conduit les agents à consacrer plus de temps à la surveillance des personnes qu'à l'accompagnement et à l'aide aux gestes de la vie quotidienne. Par ailleurs, plus de 60 % des structures ne proposent aucune réponse spécifique pour les résidents atteints de pathologies neuro-dégénératives : 26 % des maisons de retraite interrogées possèdent une unité Alzheimer et seulement 7 % ont organisé un cantou (centre d'activités naturelles tirées d'occupations utiles) (6)).

Autre problème, les tarifs. Le reste à charge est « très important et atteint, voire dépasse, le niveau moyen des pensions ». Ainsi la facture moyenne présentée à un résident en GIR 3-4 s'élève à 1 374,60 € par mois, alors que le minimum vieillesse se situe à 677,13 € par mois (8 125,56 € par an) et que « la pension de retraite moyenne se situe en 2008 autour de 1 150 € ».

Fort de ces constats, FO réclame l'augmentation de personnels qualifiés intervenant dans les EHPAD. Elle demande aussi de renforcer la pluridisciplinarité des équipes, ainsi que leur formation, le développement de promotions professionnelles et les évolutions de carrière et souhaite « une politique volontariste de relance de l'investissement dans les EHPAD ». Par ailleurs, « les professionnels doivent pouvoir s'appuyer sur ces chiffres pour défendre leurs besoins auprès des financeurs », précise Luc Delrue.

Notes

(1) Voir ASH n° 2602 du 27-03-09, p. 26.

(2) Voir ASH n° 2604 du 10-04-09, p. 29.

(3) La FHF situait le taux d'encadrement soignant à 0,27 en EHPAD rattaché à un hôpital et 0,25 en EHPAD autonome.

(4) Voir ASH n° 2458 du 2-06-06, p. 5.

(5) Voir ASH n° 2604 du 10-04-09, p. 15.

(6) Un cantou est une unité accueillant une dizaine de personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer.

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