Dans son sixième rapport annuel rendu public le 19 mai (1), la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) consacre un dossier central aux « dévoiements des pratiques thérapeutiques à des fins sectaires », une « préoccupation » déjà évoquée dans ses précédents rapports (2)) mais qui, aux yeux de l'instance, a pris en 2008 « une place véritablement prépondérante ». La faute à « la multiplication d'offres relatives au bien-être et à l'épanouissement personnel dépourvues de toute évaluation sérieuse, et dont certaines présentent un risque réel pour la santé ».
« Face aux difficultés des sociétés contemporaines et devant le recul de certaines institutions, dont la famille, l'accompagnement psychologique est aujourd'hui de plus en plus sollicité pour des publics fragiles (malades, jeunes en difficulté, personnes dépendantes, en recherche d'emploi...) mais également au niveau collectif pour la gestion [...] des fléaux sociaux (violence urbaine, routière, toxicomanie, délinquance, prévention du suicide...) », explique la Miviludes. Cette évolution, qui coïncide avec un élargissement constant des pratiques et des méthodes, dont le nombre se situerait aujourd'hui entre 200 et 400, se traduit par une importante augmentation du nombre des professionnels de la psychothérapie. Cette explosion de la bulle « psy », « très insuffisamment maîtrisée par les différents acteurs publics, professionnels et associatifs », inquiète la mission interministérielle par les nombreuses déviances qui l'accompagnent. Et parmi celles-ci, les dérives de caractère sectaire arrivent en bonne place.
Face à ce phénomène, l'instance réclame notamment un recensement des pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique et des différents organismes, de façon à mieux informer le public. Elle note toutefois avec satisfaction que les pouvoirs publics ont commencé à agir dans cette direction. La direction générale de la santé a ainsi travaillé en 2008 à la mise en place d'un « groupe d'appui technique » pour « procéder à l'analyse des pratiques les plus à risques en termes de danger ou de perte de chance pour leurs utilisateurs ». Sa première réunion devrait intervenir « dans le courant du premier semestre 2009 », indique le rapport. Sa mission prioritaire sera de « contribuer à l'élaboration d'une information objective à l'attention du grand public sur les pratiques non conventionnelles, en s'intéressant dans un premier temps aux pratiques les plus courantes (mésothérapie, acupuncture, homéopathie, ostéopathie...) ».
La Miviludes juge par ailleurs urgent de protéger le titre de psychothérapeute. A cet égard, un article de la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé a bien tenté d'encadrer plus strictement les pratiques. Mais faute de décret d'application, le texte est resté lettre morte. Il est toutefois repris sous une nouvelle version dans le projet de loi portant réforme de l'hôpital et relatif aux patients, à la santé et aux territoires, actuellement en cours d'examen au Parlement. La Miviludes pourrait donc obtenir satisfaction sur ce point dans un proche avenir.
(1) Rapport disponible sur
(2) Voir notamment ASH n° 2553 du 11-04-08, p. 10.