«Les personnes âgées en perte d'autonomie vivant à domicile ou accueillies en établissement subissent une double punition : elles sont non seulement dépendantes, mais elles sont aussi coupées du monde dans lequel elles ont vécu. Les technologies de l'information peuvent leur permettre de renouer avec leur environnement social, familial et local à condition de les adapter à leurs besoins », défend Christophe Coquerel, responsable du projet T-Seniority à la FNAQPA (Fédération nationale avenir et qualité de vie des personnes âgées) (1). Cette fédération, qui rassemble des associations gestionnaires d'établissements et de services à domicile, participe depuis octobre 2008, pour la France, et aux côtés de 13 autres partenaires européens privés, publics ou associatifs (2), au projet « T-Seniority » de la Commission européenne. Un programme, doté d'un budget global de 5,34 millions d'euros (pris en charge à 50 % par la Commission), dont la partie française représente 450 000 € (financée à 50 % par la caisse nationale de solidarité pour l'autonomie).
Objectif ? Lutter contre l'exclusion sociale des personnes âgées dépendantes en leur permettant d'avoir accès à l'information numérique par le biais d'un support qui leur est familier, la télévision. C'est ainsi que la FNAQPA va tester jusqu'en juin 2010, date de la fin du projet, une « télévision interactive » auprès de 150 à 300 personnes âgées réparties dans 30 à 60établissements et services à domicile dans les régions Lorraine et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Concrètement, elles pourront avoir accès par le biais du petit écran installé à leur domicile, dans leur chambre ou le lieu de vie commun de leur institution à une « chaîne » T-Seniority. Soit à un site web sur lequel elles pourront consulter des informations fournies par le centre communal d'action sociale (CCAS), le conseil général, des associations locales, le directeur d'établissement... ou des photographies illustrant la vie institutionnelle ou prises par leur famille. L'accès sera facilité par des icônes de grande taille et par un minimum de texte. Les personnes les plus dépendantes pourront être aidées par les intervenants à domicile et les équipes des établissements. Seule contrainte, qu'il y ait un accès à Internet à proximité du domicile ou de la structure. La FNAQPA fournit une console WII, qui sert d'interface entre le poste de télévision et Internet.
Jusqu'en 2010, les adhérents de la fédération - « les ambassadeurs du projet », selon Christophe Coquerel - vont donc sensibiliser les acteurs locaux (conseils généraux, CCAS, associations...) afin que soit proposé un contenu adapté aux personnes âgées. Et le système, mis au point par un fournisseur de services espagnol, sera évalué au jour le jour. « A la fin de l'expérience, soit il n'est pas utilisable par les bénéficiaires ou nous n'avons pas réussi à mobiliser les partenaires locaux et il n'y a pas d'information à consulter, et ce sera la mort naturelle du projet. Soit le système fonctionne et il faudra trouver le moyen de le pérenniser financièrement en sollicitant des partenaires publics (CCAS, conseils généraux...) ou privés car il ne s'agit pas de faire payer les personnes âgées », explique Christophe Coquerel. Celui-ci se défend de tout objectif commercial. « Ce projet est porté en France par une association de gérontologie. Il ne s'agit pas de développer à tout prix une technologie, mais de s'appuyer sur cette dernière pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées. Celles-ci sont au coeur du projet. »
(1) FNAQPA : 81, rue François-Mermet - BP 9 - 69811 Tassin-la-Demi-Lune cedex - Tél. 04 72 32 30 90.
(2) De six pays : Royaume-Uni, Espagne, Grèce, Chypre, Finlande, Italie.