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L'identité du travail social des CAF reste à affirmer

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Malgré sa faible lisibilité et des interrogations sur son utilité depuis la décentralisation de l'action sociale, le travail social des CAF garde tout son intérêt, souligne une étude de la CNAF, à condition de clarifier ses missions. Une circulaire en préparation devrait y contribuer.

Alors que les caisses d'allocations familiales (CAF) vont devoir mettre en oeuvre, à compter du 1er juin, le revenu de solidarité active (RSA), la caisse nationale publie une enquête visant à mieux cerner la spécificité de leurs missions de travail social (1). Ses conclusions ont alimenté les orientations de la convention d'objectifs et de moyens (COG) 2009-2012 sur le sujet, qui devraient « être précisées dans une circulaire à venir, avant l'été, définissant un socle commun pour le travail social des CAF », indique Denis Hochedez, sous-directeur à la CNAF responsable du département « logement, vie sociale, solidarité ».

Trois formes de soutien aux familles

Le texte devrait détailler l'offre de service de travail social, articulée autour de trois axes : le soutien aux familles dans leurs fonctions éducatives, à celles confrontées à des difficultés de logement et d'habitat et à celles en difficulté d'insertion sociale et professionnelle. Dans le cadre de cette dernière mission, les conseils généraux pourront confier aux caisses l'accompagnement social des familles monoparentales bénéficiaires du RSA. La circulaire devrait également préciser les modes d'intervention et les complémentarités avec les collectivités locales. Par ailleurs, « la COG et ses objectifs financiers devraient permettent aux CAF de maintenir leurs effectifs actuels de travailleurs sociaux », assure Denis Hochedez.

Voilà qui devrait conforter le travail social des CAF, dont l'intérêt est souligné par les auteurs de l'étude, Cyprien Avenel, sociologue, et Marie-Agnès Cathelain, ancienne conseillère technique. Les caisses d'allocations familiales ont historiquement pu prolonger leur intervention, au-delà de la liquidation des prestations, « par la mobilisation d'un travail social volontariste incarnant une stratégie et une éthique », soulignent-ils. Ce travail social s'est même « longtemps constitué comme un étendard des CAF, un des fleurons de la branche famille ». Mais les lois de décentralisation, qui ont consacré le département comme « chef de file » de l'action sociale, ont marqué un tournant décisif : les déconventionnements avec les conseils généraux ont repositionné les travailleurs sociaux des CAF dans le domaine de l'accès aux droits, celui-ci articulant toutefois les approches administrative et sociale. En l'absence d'une nouvelle doctrine identifiée au niveau national et face à la faible lisibilité de leurs missions, pourtant multiples, « un doute s'est peu à peu installé concernant l'identité, la cohérence, et plus radicalement encore l'utilité profonde du travail social des CAF ».

L'enquête répertorie 2 523 travailleurs sociaux « au sens classique du terme et exerçant le métier en tant que tel » (assistants sociaux, conseillers en économie sociale et familiale, animateurs socioculturels, éducateurs de jeunes enfants, techniciens de l'intervention sociale et familiale et éducateurs spécialisés) et 1 817 professionnels de l'intervention sociale (médiateurs, délégués à la tutelle, conseillers techniques, agents de développement social). Ces deux secteurs composent respectivement 59 % et 41 % des métiers du champ social des CAF. Mais plus que la division entre deux types de professions, l'étude montre une adaptation des métiers « classiques » à des fonctions nouvelles. Il existe en réalité peu d'intervenants en dehors des diplômés « traditionnels » : « Il y a moins émergence de nouvelles professions liées au territoire et porteuses d'une nouvelle culture professionnelle, que maintien des professions «canoniques» et diffusion de ces dernières au sein des nouvelles missions liées au territoire et au développement. »

Un socle commun

Autre enseignement : même si le travail social est peu formalisé dans les CAF, il existe dans les faits « un socle commun national », tant en matière de publics visés que de missions. D'après les caisses, en effet, les interventions des travailleurs sociaux portent prioritairement sur le renforcement de l'accompagnement des familles vulnérables et le soutien à la parentalité. La grande majorité (85,5 %) met en place une offre de services (information, conseil et orientation) en faveur des publics vulnérables ciblés par les orientations de la COG, soit prioritairement les familles monoparentales (84 %), suivies par les familles nombreuses, celles dont un enfant est porteur de handicap et les gens du voyage. 80,5 % des CAF indiquent, en outre, avoir mis en place une offre de services pour des situations autres que celles listées par la COG.

Le travail social est donc largement intégré à cette offre de services institutionnelle, qui débouche également sur des actions collectives. Les assistants sociaux et les CESF, qui jouent un « rôle d'interface entre les demandes des usagers et les réponses de l'institution », exercent une activité d'accompagnement individuel ou de groupe, mais s'impliquent aussi dans des projets collectifs, notamment liés au territoire et aux actions partenariales (44 % des CAF). Si les travailleurs sociaux interviennent en premier lieu sur l'accès aux droits des allocataires, puis sur l'offre de services institutionnelle en direction des publics vulnérables, et enfin sur les projets de territoires visant le développement social local, l'analyse de leurs activités « montre que ces deux approches, offres de services et territoire, renvoient moins à une organisation spécialisée et séparée, qu'elles ne s'inscrivent dans une continuité de l'intervention ».

Quelles évolutions à prévoir dans ce contexte ? 78 % des CAF souhaitent maintenir ou renforcer leurs effectifs de travailleurs sociaux. La plupart (87 %) se sont prononcées pour « la définition d'un socle minimum de travail social pour l'ensemble des CAF », notamment pour clarifier leurs missions par rapport aux conseils généraux. Adossé aux prestations, le travail social des CAF a intégré une culture institutionnelle en s'appropriant la logique de l'offre de services, ce qui a conduit à une homogénéisation, voire à une rationalisation des pratiques, conclut l'étude. Cependant, il « n'est pas seulement une réparation, ou encore une adaptation du droit aux situations particulières, bien qu'il y contribue de façon décisive, mais il engendre un effet démultiplicateur sur l'action sociale et la qualité de la vie quotidienne des familles ».

Notes

(1) « Enquête sur le travail social des CAF - Etat des lieux » - CNAF - Dossier d'étude n° 115 - Avril 2009 - Disponible sur www.caf.fr - L'enquête a été réalisée en janvier 2007 auprès des 123 CAF.

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