Ouverte dans les années 1970, la résidence Adoma Bellevue de Dreux (Eure-et-Loir) compte 223 logements. A tous les étages, le même couloir, la même cuisine collective, le même bloc sanitaire et les mêmes portes de chambres. Pourtant ce foyer, qui accueille une majorité de personnes âgées de plus de 60 ans originaires du Maghreb ou d'Afrique subsahélienne, est riche de ses ambiances, de ses bruits, de ses odeurs. Durant deux ans, le photographe Alain Bujak s'est fondu dans la résidence, créant des liens avec les résidents avant de les immortaliser. « J'ai voulu poser sur eux un regard autre que celui de la misère et de la précarité. Le lieu est mal connu, et sa vocation communément sous-estimée. Ici, la plupart des résidents ont suivi des routes chaotiques. En venant là, ils trouvent un toit, une adresse. Les plus démunis échappent ainsi à la rue et à l'exclusion », écrit-il dans la préface de l'ouvrage qui regroupe une soixantaine de photos, tantôt en couleurs, tantôt en noir et blanc. Pour La maison du possible, le photographe a saisi les rituels des « chibanis »: prière, repas, moments de détente, silences méditatifs... Il a aussi rencontré des résidents plus jeunes, des demandeurs d'asile, des mamans avec leurs bébés, etc. Certains prennent la pose, d'autres ont été flashés à la dérobée. Enfin, l'album montre un événement marquant dans la vie de la résidence: une sortie en bus au Mémorial de Caen. Une petite balade en Normandie où, le temps d'une journée, les résidents ont quitté leur quotidien pour s'ouvrir à l'extérieur.
La maison du possible - Photographies d'Alain Bujak - Disponible gratuitement auprès d'Adoma - Tél. 01 40 61 44 49