Les mesures présentées par le ministre de l'Immigration, le 23 avril, sur le traitement de la situation des migrants de Calais (voir ce numéro, page 19), ne rassurent pas les associations. Si elles constituent des avancées sur le plan humanitaire, estiment sur place les organisations Salam et C'sur, le démantèlement des campements de fortune - « la jungle » - où se réfugient plusieurs centaines de personnes originaires d'Asie (Afghans, Irakiens, Pakistanais...) et d'Afrique (Soudan, Erythrée...) ne pourrait que déplacer le problème. Le Secours catholique s'inquiète en outre des conditions de l'installation d'un point sanitaire. Celui-ci devrait, a précisé le ministre, être créé sous réserve de la réalisation d'un point d'accueil de jour des personnes les plus fragiles, au minimum à une dizaine de kilomètres du centre de la ville, en remplacement de la structure actuellement gérée par l'association. Pour des problèmes de voisinage, a souligné Eric Besson, la délivrance d'un permis de construire permettant d'étendre cette dernière « suscite une opposition parfaitement légitime de Madame le maire ». Le Secours catholique qualifie la solution de « chantage », d'autant que son local accueille également des Calaisiens.
Amnesty International, qui craint « de nouvelles opérations de harcèlement des exilés présents, dans des situations précaires », accueille toutefois favorablement l'installation à Calais d'un point d'enregistrement des demandes d'asile, recommandé dans le rapport de septembre 2008 de la Coordination française pour le droit d'asile (CFDA) (1). Mais, nuance-t-elle, peu engageront la démarche si, d'une part, l'examen des dossiers est toujours prévu pour certains en procédure dite « prioritaire », et si, d'autre part, le risque est de se voir renvoyer dans un autre Etat de l'Union européenne dans le cadre du règlement « Dublin II », qui prévoit le dépôt de la demande dans le pays qui a permis l'entrée dans l'Union. « Le ministre confirme d'ailleurs les renvois vers la Grèce où le taux de reconnaissance du statut [de réfugié] était pourtant de 0,05 % en 2008 en première instance », et dont le système de protection a fait l'objet d'un appel à la vigilance du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. La CFDA avait recommandé que les migrants puissent bénéficier d'une information complète sur la procédure d'asile et de la garantie de l'examen de leur demande par les autorités françaises, en procédure non prioritaire.
Selon France terre d'asile, plus de 14 000 Afghans et 10 000 Irakiens ont été interpellés en 2008 sur le territoire, alors que seuls 281 et 656 respectivement ont été autorisés à déposer une demande d'asile. L'association, qui prône une « réponse européenne vertueuse », préconise, outre la levée des obstacles à la procédure de protection internationale, un partage de l'accueil en Europe et un hébergement « digne » des populations.