Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ? En matière de protection de l'enfance, la relativité semble de mise. Tel est l'un des enseignements de ce recueil de contributions internationales. Il montre que, selon les pays, des choix d'intervention très différents peuvent être faits pour aider les enfants en difficulté. Les parents sont les premiers responsables, mais non les seuls, du bon développement de l'enfant. Autrement dit, en cas de risques encourus par ce dernier, c'est à la société de prendre le relais. Cette assertion de chercheurs néerlandais fait consensus. Mais laisse entière la question des modalités d'action. Comment déterminer l'intérêt supérieur de l'enfant quand ses parents sont défaillants ? Faut-il « sauver l'enfant de tels parents ou est-ce qu'il devrait être sauvé avec ses parents ? », interrogent Israël Zva Gilat et Schlomo Romi, deux contributeurs israéliens. Et, en particulier, « est-ce que les Etats peuvent [...] décider de mesures extrêmes comme le fait de retirer le mineur de sa famille et de sa communauté » à des fins d'adoption? La France et le Royaume-Uni ont sur ce point des positions radicalement divergentes. En France, explique l'universitaire britannique June Thoburn, l'assistance à la famille et la cohésion familiale constituent la clé de voûte des politiques de l'enfance, même en cas de placements prolongés des enfants. Au Royaume-Uni, prime la recherche d'une stabilité pour l'enfant pris en charge. Dans ce but, les services sociaux ont la faculté de faire adopter les enfants qui leur sont confiés, même passée la petite enfance et sans le consentement parental. En général, ces adoptions sont de type « ouvert », c'est-à-dire avec un maintien des liens entre la famille biologique, l'enfant et les parents adoptifs.
Du placement à la suppléance familiale. Actualité des recherches internationales - Coordonné par Anna Rurka et Bernadette Tillard - Ed. L'Harmattan - 16 €