L'Assfam, la Cimade, le collectif Respect, Forum réfugiés, France terre d'asile et l'Ordre de Malte se partagent désormais la mission d'aide aux étrangers dans les centres de rétention administrative (CRA) (voir page 5). Le dispositif de coordination, présenté comme devant « faciliter l'échange de bonnes pratiques, la connaissance de la réglementation et la mutualisation de formations et de compétences », devrait être mis en place début juin. France terre d'asile, qui admet que la nouvelle mission qui lui est confiée est « très complexe », a d'ores et déjà appelé à « une coordination immédiate des associations missionnées afin d'agir avec efficacité pour la défense des étrangers retenus ». De même, Forum réfugiés assure « rechercher le dialogue et la coordination afin d'envisager ensemble la meilleure défense possible des droits des retenus ».
Un avis que ne partage pas la Cimade. Pour l'association, qui détenait jusque-là le monopole, l'éclatement de l'aide entre de multiples personnes morales « ne permettra plus à aucune association d'accompagner et de défendre les droits des étrangers convenablement ». Pour Damien Nantes, responsable du service « Défense des étrangers reconduits » de la Cimade : « Il s'agit d'une attaque de la part du ministère de l'Immigration envers les étrangers qui, peu à peu, ne pourront plus exercer leurs droits en CRA. » Selon lui, le danger le plus grand est la situation de dépendance vis-à-vis des pouvoirs publics dans laquelle vont être placées les associations. En réaction, la Cimade a annoncé publiquement, le 15 avril, qu'elle allait donner une suite contentieuse à cette décision « afin que la réforme n'aille pas à son terme » en exerçant un référé précontractuel auprès du tribunal administratif. « Celui-ci devrait se prononcer dans un délai de un mois sur la conformité de l'appel d'offres », précise Damien Nantes.