Quel est l'objet de ce mémorandum ?
Il est l'aboutissement d'une réflexion que nous poursuivons depuis longtemps : rééquilibrer, dans l'Union européenne, l'économique par une volonté sociale. Le développement du marché doit s'accompagner d'un droit social. Or, pour le moment, l'économique prime et nous nous battons pour faire reconnaître dans les politiques européennes la spécificité des organismes qui oeuvrent pour le développement des politiques sociales et le respect des droits. Un combat d'autant plus nécessaire dans le contexte actuel.
Vous formulez des propositions pour une meilleure reconnaissance de l'économie sociale...
Nous demandons à l'Europe de considérer davantage l'économie sociale et solidaire comme un mode alternatif pour entreprendre autrement. Nous pensons que les activités qui touchent à la mise en oeuvre des droits fondamentaux ne peuvent pas être soumises à l'économie de marché et aux règles de la concurrence. L'économie sociale est un vecteur privilégié car, du fait de ses modes de fonctionnement participatif, elle ne rémunère pas le capital et le salaire de la même manière que l'économie marchande.
Vous demandez un « statut de l'association européenne », pourquoi ?
L'association « à la française » est assez unique et on ne la retrouve pas avec les mêmes modalités au plan européen. Il est donc nécessaire de définir un statut européen de l'association qui permette de la reconnaître au même rang que les autres acteurs (entreprises, mutuelles, coopératives...). Nous demandons aussi la reconnaissance du dialogue civil à travers la création d'une « Charte européenne de dialogue civil », qui établirait les principes régissant les modalités de consultation, de gouvernance et de financement entre les institutions européennes et la société civile organisée. La Commission européenne a tendance à mettre sur le même plan les acteurs qui défendent les intérêts privés et les associations de solidarité qui promeuvent l'intérêt général. C'est pourquoi le lobbying n'est pas la méthode favorite des associations : il risque de dresser les uns contre les autres alors que la promotion de l'intérêt général dépasse les intérêts personnels au profit d'une approche collective.
Vous prônez un « agenda social ambitieux » en mettant notamment l'accent sur les jeunes...
Deux choses nous préoccupent : l'avenir de la jeunesse et la considération pour la jeunesse. Aujourd'hui, il n'y a pas de véritable politique pour ce public mais seulement des « plans » dispersés. Or une société qui ne prend pas en compte ses jeunes se condamne. Nous demandons au Parlement d'initier un élan politique autour de l'emploi des jeunes et de soutenir des dispositifs spécifiques de solvabilisation. Parmi les autres préoccupations, nous demandons l'accès à des prestations de protection sociale pour tous, reposant sur le principe de solidarité entre les générations.
Ne craignez-vous pas que vos propositions restent des voeux pieux ?
Non, et la crise le montre : il y a une prise de conscience de la part des citoyens sur les questions de la répartition des richesses, d'un meilleur équilibre entre l'économique et le social et entre la rémunération du capital et du travail. Même sur l'écologie, les choses avancent ! Ce sont des bases intéressantes. Cependant le capitalisme financier peut reprendre très vite le dessus. D'autant que les degrés de développement des économies des sociétés sont très différents selon les pays européens.
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