«Production statistique rénovée », « contenu enrichi », « présentation clarifiée », « calendrier de parution avancé ». Présentée le 20 mars, la nouvelle formule de la publication mensuelle de la DARES (ministères de l'Emploi et du Travail) et de Pôle emploi, qui rend compte des demandeurs d'emploi inscrits au chômage et des offres collectées par le nouvel opérateur, a pour objectif d'apporter des « améliorations sensibles » à la présentation et à la diffusion des données dans ce domaine.
Ce nouveau format de la publication prend en compte les recommandations émises en septembre 2007 par les inspections générales des finances et des affaires sociales (1) et celles du Conseil national de l'information statistique rendues publiques un an après (2), qui visaient « à clarifier le débat public autour des chiffres du chômage » après la polémique sur la fiabilité de ces chiffres initiée fin 2006 par le collectif Autres chiffres du chômage (3). Il s'agit en particulier de « ne plus focaliser » la statistique sur « un seul indicateur phare », comme c'était le cas jusqu'alors avec la catégorie 1 (4).
Depuis le 25 mars (5), le document publié présente le nombre de demandeurs d'emploi inscrits répartis en cinq catégories « plus simples et plus visibles » - de A à E - contre huit précédemment (de 1 à 8), avec deux agrégats (ABC et ABCDE). Figurent également des données affinées par sexe, par tranche d'âge, par ancienneté sur les listes, et sur les flux d'entrées et de sorties, ainsi que sur les offres collectées par Pôle emploi dans le mois, avec un indicateur de satisfaction de ces offres. Le tout sur 17 pages, contre 7 jusqu'ici. La plupart des indicateurs sont par ailleurs fournis en données corrigées des variations saisonnières et en données corrigées des effets des jours ouvrables. Et toute distinction selon le type d'emploi recherché est abandonnée. Selon ces nouveaux indicateurs, 2 304 900 demandeurs d'emploi étaient inscrits à Pôle emploi en catégorie A (6) fin janvier 2009 (+ 100 400 par rapport à la fin décembre 2008). A comparer aux 2 298 200 pour les catégories 1, 2, 3 hors activité réduite (+ 89 800 en un mois), selon l'ancienne estimation. Pour la DARES et Pôle emploi, globalement, ces changements de présentation ne modifient pas le diagnostic sur la situation du chômage en France même si « l'amplitude des fluctuations » peut être « moins marquée » pour certaines catégories.
Une analyse loin d'être partagée par l'intersyndicale DARES-INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques)-Pôle emploi et le comité de défense de la DARES. Dans un communiqué diffusé le 20 mars 2009, ils estiment notamment que la communication reste « centrée sur le sous-ensemble des demandeurs d'emploi sans activité réduite (sous-catégorie A), et non sur l'ensemble des demandeurs d'emploi (catégorie A+B+C) ». Cela traduit, selon eux, « la volonté de minimiser le nombre réel de demandeurs d'emploi effectivement inscrits ».
(4) Personnes inscrites à Pôle emploi déclarant être à la recherche d'un emploi à temps plein et à durée indéterminée, ayant éventuellement exercé une activité occasionnelle ou réduite d'au plus 78 heures par mois.
(5) Date de la première parution de la nouvelle formule.
(6) Sont comptabilisés en catégorie A : les « demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi, tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, sans emploi », soit les ex-catégories 1, 2, 3, hors activité réduite.