Du 30 mars au 2 avril, le 26e Forum documentaire d'intervention sociale de Rezé propose des films mettant en scène des personnes confrontées à la pauvreté ou à la précarité. Gros plan sur deux oeuvres, dont la diffusion sera suivie d'un débat.
Avec le documentaire En permanence, le réalisateur Sylvain Bouttet a voulu montrer le quotidien d'un service social polyvalent de secteur en s'éloignant des clichés, souvent véhiculés par les médias, qui représentent un usager en grande difficulté et un travailleur social en position de héros salvateur. « C'est sans complaisance que je montre des assistants de service social et des éducateurs spécialisés parfois dépassés devant la multitude de cas qu'ils rencontrent », explique-t-il. Dans la même optique, le réalisateur n'a volontairement pas filmé un itinéraire, mais une multitude de situations, du groupe de parole aux commissions pluridisciplinaires de circonscription, en passant par les visites au domicile et les aides au budget. « Raconter une histoire de A à Z avec un début douloureux et une fin heureuse, très peu pour moi. Je voulais sortir des sentiers battus et filmer les choses de l'intime. Cela a été un défi pour moi de dévoiler tout cela sans voyeurisme. » Enfin, Sylvain Bouttet laisse planer un certain mystère : « On n'identifie ni les gens ni les lieux, car ce qui se trame dans ce lieu pourrait se passer n'importe où, n'importe quand. » Bref, dans En permanence, les travailleurs sociaux et les usagers sont des gens comme les autres.
Les images évoquent l'Inde de Slumdog Millionaire, mais nous sommes ici à Saint-Denis, en région parisienne, et les habitants du bidonville sont des Tsiganes. De l'installation des premiers baraquements sur un terrain vague, en septembre 2006, au passage des bulldozers, à l'aube de la Coupe du monde de rugby de 2007, Aude Léa Rapin et Adrien Selbert ont filmé, sans commentaire ni dialogue, la vie de cette communauté installée à côté de la place des Droits-de-l'Homme. D'un côté, la boue, les poubelles, les Caddie disloqués, des enfants qui jouent avec un vieux tuyau. De l'autre, la solidarité, la danse, la fête, et surtout la musique. Le groupe Orange Blossom et le trio tsigane Rrom Shuka signent la bande originale des Routes perdues. Grâce à cette ambiance musicale et aux images à l'esthétisme cinématographique, les réalisateurs réussissent l'exploit de rendre le bidonville beau... et l'expulsion d'autant plus violente.
Forum « La faute aux pauvres » - Cinéma Saint-Paul - 38, rue Julien-Douillard, 44400 Rezé - Entrée : 3 € par séance - Informations auprès de l'association Visages - Tél. 02 40 75 38 18
En permanence - Sylvain Bouttet - 78 min - Aligal Productions
Les routes perdues - Aude Léa Rapin et Adrien Selbert - 40 min - DVD disponible (12 € ) auprès de l'Atelier des images - 8, chemin du Champ-Lucet, 44100 Nantes - Tél. 02 40 95 28 28 -