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L'art de la réinsertion

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Depuis 1990, une association d'habitants du nord de Chartres, Les 3R, gère par le biais d'une régie de quartier des ateliers de réinsertion pour des personnes éloignées de l'emploi. Lesquels proposent, parmi diverses prestations, la réalisation de mosaïques urbaines.

Florice Ekotto est consciencieusement penchée sur son ouvrage, une ancienne maison chartraine qu'elle reproduit en mosaïque, à l'aide de petits morceaux de carreaux, sur un support grillagé de la taille d'un format A4. « Cette activité me fait cultiver la patience, et ça me plaît, explique la jeune femme. Pourtant, quand je suis arrivée, la mosaïque, je ne savais même pas ce que c'était ! » Agée de 31 ans, Florice Ekotto a débarqué en France voilà cinq ans, forte d'un BTS en comptabilité et gestion obtenu dans son pays d'origine. « Mes diplômes, mon expérience au Cameroun, tout ça n'était pas crédible aux yeux d'un employeur ici, résume-t-elle. Je n'ai jamais trouvé d'emploi. » Aussi l'ANPE lui a-t-elle conseillé de s'adresser à la régie de quartier Les 3R, installée dans les Hauts de Chartres, au nord de la cité d'Eure-et-Loir (1).

« Picassiette » à la rescousse

Créée en 1990 dans le cadre d'une large opération de rénovation d'un quartier considéré comme secteur sensible, et bénéficiaire de la politique de la ville, la régie Les 3R (Rénover, restaurer, réhabiliter) émane d'une association d'habitants du même nom. Elle propose différents types d'ateliers qui favorisent la réinsertion de personnes très éloignées de l'emploi, en offrant aux offices HLM ou à la ville des prestations classiques de ménage, de maintenance, d'entretien des espaces verts... « Mais au départ il nous a été très difficile de mettre d'accord les bailleurs autour de la régie de quartier. Ils rechignaient, ne nous commandaient que de petits chantiers qui ne permettaient pas de pérenniser notre existence », se souvient Patrick Macquaire, éducateur spécialisé de formation, également formé à l'ethnologie et directeur de la régie. Lequel décide alors de mobiliser une figure historique du quartier, Raymond Isidore, dit « Picassiette ». Cet ancien balayeur du cimetière, décédé en 1964, est en effet à l'origine d'un ouvrage renommé de par le monde et qui attire de nombreux touristes à Chartres : sa propre maison, qu'il a passé trente ans à recouvrir de mosaïques. A son arrivée dans la ville, en 1989, Patrick Macquaire a su déceler dans ce personnage emblématique un support potentiel pour dynamiser le tissu social et accompagner la réhabilitation des Hauts de Chartres. Très hétérogène, ce quartier était alors caractérisé par la présence d'une ancienne cité de transit, rongée par la misère, les trafics et la délinquance. Divers travaux ont à l'époque été initiés avec les enfants d'une école voisine, et une mosaïque a été réalisée pour décorer le hall d'une petite résidence reconstruite sur les Hauts de Chartres. Puis, trois décennies après la disparition de Picassiette, la régie a décidé de s'inscrire dans la filiation de l'artiste pour lancer, en 1992, son atelier initial de mosaïque (2).

Après un premier chantier - une commande visant à décorer les cages d'escalier de plusieurs immeubles en reconstruction -, d'autres ouvrages s'ensuivent : mosaïques sur la façade de l'école voisine, réalisation d'un « chemin Picassiette » balisé de mégalithes partiellement ornementés, décoration du passage menant au lycée Fulbert... Le centre-ville profite également de la présence de l'atelier, la restauration d'une oeuvre sur la place des Epars et le signalement du chemin des pèlerins lui ayant été confiés. L'atelier mosaïque assure, par ailleurs, des commandes pour les particuliers. Mais l'activité de la régie rayonne surtout par l'organisation régulière d'expositions artistiques, ainsi que, tous les deux ans depuis 1996, par des rencontres internationales autour de la mosaïque. En outre, depuis 2002, elle gère la chapelle Saint-Eman, espace d'expositions pour les artistes mosaïstes de renom. « Petit à petit, cette activité artistique a favorisé une reconnaissance qui a débloqué notre relation avec les partenaires, souligne Patrick Macquaire. C'est une image de marque forte, qui rejaillit sur la ville et sur les salariés passés par nos ateliers, quels qu'ils soient. » Et, partant du principe que faire du beau fait du bien, la régie a aussi mis en place un atelier bois, qui aide les personnes y travaillant à acquérir les rudiments du travail du bois, en rénovant des meubles et en créant des jeux forains pour l'animation de fêtes de quartiers ou de manifestations associatives. « Ces activités créatives font émerger les personnes, et leur remettent le pied à l'étrier », souligne Patrick Macquaire. Outre ses deux ateliers d'artisanat, la régie gère trois autres activités : maintenance et espaces verts, ménage et chantiers. Au total, en 2007, les prestations facturées représentaient 30 % de ses ressources. Pour le reste, 38 % proviennent des aides à l'emploi et 29 % des subventions de la ville, de l'Etat, du Fonds social européen et du conseil général.

La régie est habilitée comme chantier d'insertion et bénéficie de l'agrément du Comité national de liaison des régies de quartier. Les salariés, une centaine d'hommes et de femmes, habitants du quartier pour la plupart, sont généralement orientés par l'ANPE. Ils sont embauchés dans le cadre d'un contrat d'accompagnement dans l'emploi (3) ou d'un contrat d'avenir (4). « Quand ils arrivent, ils n'ont pas ou plus de projet professionnel, résume Dalila Salhi, conseillère en insertion professionnelle de la régie, formée comme animatrice option «insertion sociale des jeunes et animation de proximité». Beaucoup possèdent un CAP ou un diplôme de niveau VI. Ils ont souvent connu une expérience professionnelle préalable, puis ont été confrontés à une rupture, à un accident de la vie. » A l'image de cet homme d'une quarantaine d'années, qui présentait une double addiction et était au chômage depuis plusieurs années. Electricien de formation, il n'a soudain plus voulu entendre parler de sa profession d'origine. « Je désirais faire du vitrail, une autre spécialité de la région, mais je n'avais pas trouvé de formation financièrement accessible. Alors quand je suis arrivé aux 3R, j'ai tout de suite été attiré par l'atelier mosaïque. Ici, j'ai vu que j'étais capable de faire des choses auxquelles je n'aurais jamais pensé. Je pense que j'ai gagné un peu plus de confiance en moi. » Cette capacité retrouvée à prendre des initiatives, à se faire confiance, est le principal objectif des encadrants des ateliers, comme le confirme Bruno Adou, le plasticien qui s'occupe de l'atelier mosaïque : « Les salariés préparent leur projet à partir d'images que nous avons sélectionnées dans des ouvrages, ils choisissent les couleurs. On en discute ensemble, mais ce sont eux qui décident. »

L'objectif des encadrants n'est toutefois pas de former de futurs artistes mais, en priorité, de transmettre aux salariés de la régie des compétences transférables ailleurs, en commençant par le travail d'équipe, le respect d'horaires de présence, la prise d'initiatives... Comme pour Rémi Brizemur, la quarantaine, qui participe à l'activité mosaïque depuis six mois. Ce matin-là, il teste un nouveau type de support, plus léger, pour les créations de l'atelier. La régie envisage en effet de développer la vente de mosaïques dans le circuit touristique. « L'urgence, pour moi, était de retrouver un travail et un équilibre social, explique Rémi Brizemur, autrefois carreleur. Après avoir passé plusieurs années sans emploi, dans la dépression et les problèmes personnels, je retrouve ici un autre souffle. »

Une présence bienveillante

Pour les encadrants techniques, l'art réside dans le fait de laisser une autonomie suffisante aux salariés, tout en assurant une présence à leur côté. « Je suis souvent sur le terrain, explique Jessica Kouassi, l'encadrante de l'activité ménage, de formation conseillère en économie sociale et familiale. Il ne s'agit pas de les contrôler. Mais on peut discuter de ce qui va ou ne va pas, y compris sur un plan personnel. » Ce matin, à son arrivée devant une résidence des Hauts de Chartres, les femmes de l'atelier ménage ont presque terminé leur travail. La discussion s'engage sur la propreté des parties communes, plus douteuse en cette période de vacances, pour glisser sur les difficultés de chacune dans son quotidien : où faire les courses les moins chères, comment préparer des endives au jambon, comment occuper son samedi après-midi... Jessica Kouassi rappelle à une jeune femme de ménage de l'équipe son prochain rendez-vous pour un entretien d'évaluation. Celle-ci ne semble pas très enthousiaste, et dit avoir mal à la tête. « En fait, je ne mange pas en ce moment », avoue-t-elle. « Tu devrais demander une avance sur salaire auprès de Dalila... », suggère doucement l'une de ses collègues. Les contrats proposés par la régie, de vingt-six heures au maximum rémunérées au SMIC, ne permettent pas d'emblée de résoudre les problèmes économiques de chaque personne. Et le suivi régulier que proposent la conseillère d'insertion et les encadrants techniques se révèle indispensable pour aider à résorber les difficultés majeures, via la mise en place d'aides sociales, de dossiers de surendettement, de demandes de logement...

Un tremplin vers une formation ou un métier

Pour Sylvie Letoffet, chargée du secteur de la maintenance et de l'entretien extérieur, l'accompagnement apparaît de nature un peu différente : « Dans mon atelier, les salariés ont souvent moins de 25 ans. Il faut vraiment les accompagner dans le travail, le respect des consignes, des horaires, le travail en équipe. Souvent il faut être derrière eux, jouer un rôle moteur. explique-t-elle. Ma tâche est donc celle d'un éducateur spécialisé, ce qui correspond d'ailleurs à ma formation initiale. » L'éducatrice n'hésite pas à s'investir lorsque s'impose une urgence : « Récemment, un jeune est arrivé sans rien. Je me suis occupée de lui trouver un logement, de rétablir ses droits en matière de santé... » De même, elle accompagne ceux qui ont un rendez-vous à l'ANPE, ou encore pour acheter des vêtements en vue d'une occasion importante.

Certes, au début, pour des jeunes, l'activité ne semble pas très valorisante : nettoyer des trottoirs, vider des corbeilles, balayer... ce n'est pas ce dont ils rêvent. « Mais ils comprennent vite que c'est un tremplin pour aller vers autre chose, une formation préqualifiante ou un métier du bâtiment. » Sylvie Letoffet met aussi en place des chantiers ponctuels, comme la rénovation d'un centre équestre l'an dernier. En outre, deux membres de son équipe sont affectés aux petits travaux de peinture, de tapisserie ou de maçonnerie. « Bien sûr, nous sommes chefs d'équipe avant tout. Parce que si nos chantiers ne tournent pas, la régie ne peut pas fonctionner », témoigne pour sa part Pascal Maillet, responsable de l'atelier espaces verts. Cet ancien plâtrier qui a bénéficié d'une validation des acquis de l'expérience comme encadrant technique d'atelier d'insertion (ETAI) doit aussi rechercher des commandes, même s'il affiche actuellement un planning bien rempli.

Jessica Kouassi accompagne cet après-midi l'une des salariées de l'activité ménage, Jeanne Murenzi, lors de son premier entretien de suivi avec Dalila Salhi. Chaque trimestre, ce rendez-vous favorise, outre l'orientation et la formation, la mise en place d'actions de suivi social : ouverture d'un dossier de surendettement, appui à une demande de logement, etc. « Beaucoup sont déjà suivis par une assistante sociale ou un éducateur qui a fait le gros du travail, précise Dalila Salhi. Ce sont notamment eux qui s'occupent des problèmes de papiers. » Après avoir aidé Jeanne Murenzi à résumer son parcours avant son arrivée aux 3R voici trois mois, la conseillère en insertion fait part de sa première évaluation, fondée sur les observations de Jessica. « Sur l'assiduité, vous êtes très bien, les rythmes de travail sont en cours d'acquisition, déclare Dalila Salhi. Vous êtes très calme, très douce, et il n'y a rien à redire sur le respect des consignes de travail et la politesse. Pour l'autonomie, c'est un peu plus difficile, mais c'est peut-être lié à votre difficulté à vous exprimer. » Il faut en effet tendre l'oreille pour comprendre cette mère de famille à la voix fluette, originaire du Rwanda. Réfugiée en France depuis huit ans, elle n'a jamais vraiment trouvé d'emploi, sauf à réaliser quelques heures de ménage dans une association. Mais après seulement un mois de présence à la régie, elle a déjà un objectif : elle voudrait garder des enfants et se verrait bien assistante maternelle. « Vous savez, pour garder des petits chez vous, il faut un grand appartement, l'avertit Dalila. Et puis vous avez déjà vos quatre enfants, alors il faudrait peut-être réfléchir à autre chose... » Les trois femmes évoquent ensemble la possibilité de passer le permis de conduire. Les séances de formation du jeudi après-midi, proposées par la régie, sont justement réservées à l'apprentissage du code de la route pour ceux qui en ont besoin. Le conseil général propose, en outre, des aides pour les leçons de conduite. Ce qui ne résout pas le problème de l'achat éventuel d'un véhicule... L'équipe organise aussi des séances consacrées à l'ergonomie des gestes et postures au travail et à la prévention en matière de santé. Dans chaque contrat de travail, en effet, deux heures au minimum doivent impérativement être dédiées à la formation. Pour Jeanne Murenzi, il s'agira d'abord d'assister aux cours de remise à niveau en français, organisés tous les mardis par Sylvie Letoffet.

La sortie redoutée de la régie

Au final survient l'élaboration du projet individuel professionnel, en vue de la sortie de la régie. Une phase qui ne va pas toujours de soi. « Certains se sentent trop bien ici, estime Pascal Maillet. Ils pensent avoir trouvé du boulot, et ont la tentation de se laisser un peu aller. » Ainsi, Rémi Brizemur, malgré ses six mois de présence dans l'atelier mosaïque, ne semble pas encore tout à fait prêt à envisager la suite. De même, Chantal Danjou a tourné entre différents ateliers, passant de la mosaïque au ménage, puis aux espaces verts. Cette mère de famille est restée trois ans à la régie, alors que, en général, les contrats sont de douze mois, renouvelables une fois. « Au moins, pendant ce temps, j'avais du boulot, confie-t-elle. Et à la sortie j'ai eu de la chance, car j'ai trouvé tout de suite du travail dans le ménage. » Un an après, elle est toujours en poste.

Les résultats de la régie apparaissent satisfaisants : 61 % des salariés trouvent une issue positive au terme de leur contrat, 29 % bénéficient d'un CDI ou d'un CDD de plus de six mois, et 32 % d'une formation qualifiante, d'un poste en intérim ou d'un CDD de moins de six mois. Comme ce salarié parti rejoindre l'association d'insertion Actije, où il a pu passer son permis de cariste. Ou Florice Ekotto, qui a repris une formation de contrôleuse de gestion au Conservatoire national des arts et métiers, et va bientôt partir en stage. « Quand je suis arrivée, j'avais perdu espoir, je me disais que j'allais devoir faire des ménages, se souvient-elle. Ici, j'ai repris confiance. Je suis engagée dans cette formation qui va me permettre d'obtenir un certificat de compétences. » Soit un diplôme supérieur à son actuel niveau BTS, avec, à la clé, un stage en entreprise... « Il y a aussi ceux qui retrouvent une insertion sociale, alors qu'ils étaient trop âgés, trop dépendants ou trop éloignés de l'emploi pour espérer retravailler vraiment », souligne Sylvie Letoffet.

La centaine de salariés que la régie embauche chaque année compte environ 15 % de personnes handicapées, et 5 % de plus de 55 ans. « Nous avons également un public fragile, avec des gens qui vont retrouver du travail, mais dont on sait qu'ils vont craquer et tout lâcher », poursuit l'éducatrice spécialisée. « Ce qui compte, c'est que pendant la durée de leur contrat, ils réussissent à régler un problème social, complète Dalila Salhi, tel que la mise en place de soins de santé, l'entrée dans un logement ou le rétablissement de droits sociaux. »

Enfin, et surtout, ce qui fait le succès des 3R, c'est sa contribution à l'amélioration des conditions de vie dans les quartiers dans lesquels elle intervient. A tel point qu'en 2004, alors que les deux autres régies chartraines disparaissaient, l'association a été sollicitée par la municipalité pour étendre son activité aux quartiers limitrophes, Beaulieu, Bel Air et Saint-Chéron, puis en 2007 à celui de La Madeleine. « Ils sont au milieu des quartiers et à l'écoute de leurs habitants, commente Elisabeth Fromont, première adjointe municipale chargée de l'action sociale, de la solidarité et du logement. Les gens participent à l'entretien de leur environnement et c'est important. » Patrick Macquaire, pour sa part, se félicite : « Ce qui est patent, c'est l'absence totale de dégradation et de violence, alors qu'autrefois il ne se passait pas un jour sans que les pompiers interviennent pour un feu de poubelle. » Le directeur aime à souligner l'influence de la présence physique des salariés sur le terrain et le répercussions positives de la réinsertion sociale ou professionnelle d'un certain nombre d'entre eux. « Bien sûr, tout l'accompagnement social n'est rien sans le travail d'architecture et d'urbanisme qui a été réalisé ou est en cours sur ces secteurs », nuance-t-il aussitôt. Pour lui, il s'agit en tout cas de rester fidèle aux principes fondateurs des années 1980, quand les régies de quartiers ont fleuri en France : solidarité, citoyenneté, territorialité.

Notes

(1) Régie de quartier Les 3R : 5, rue des Hauts-de-Chartres, 28000 Chartres - Tél. 02 37 88 05 34 - chartresles3r@wanadoo.fr.

(2) Patrick Macquaire raconte l'épopée de la création de la régie et de son activité de mosaïque dans un ouvrage intitulé Le quartier Picassiette. Un essai de transformation sociale à Chartres (Ed. L'Harmattan, 2008).

(3) Le contrat d'accompagnement dans l'emploi (CAE) est un contrat à durée déterminée de six mois pouvant être renouvelé deux fois. Il a pour but de faciliter l'insertion professionnelle des personnes sans emploi qui rencontrent des difficultés sociales et professionnelles particulières d'accès à l'emploi.

(4) Le contrat d'avenir est destiné aux bénéficiaires du revenu minimum d'insertion (RMI), de l'allocation de parent isolé (API), de l'allocation de solidarité spécifique (ASS) ou de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) qui rencontrent des difficultés particulières d'accès à l'emploi.

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