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Etre parent dans un contexte d'exil

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«Ni comme avant, ni comme après » : être parent dans un contexte d'exil entraîne des difficultés particulières. C'est l'idée qui se dégage du groupe de parole mis en place avec neuf mères étrangères (1) par l'Observatoire national des pratiques en santé mentale et précarité (ONSMP-Orspere) à la demande des bénévoles du Réseau éducation sans frontière (RESF) duRhône. Le rapport de recherche-action tiré de cette expérience (2) détaille la souffrance de ces femmes à être parent dans un contexte d'insécurité et de précarité lié à leur attente de régularisation : sans soutien de leur communauté d'origine, sans emploi, en ayant souvent du mal à comprendre les codes éducatifs et culturels en France... Sous le poids des traumatismes vécus ou des aléas des procédures souvent lourdes, ces parents, habituellement en mesure d'assurer un rôle de médiateur entre l'enfant et ce qui fait violence dans l'environnement, n'ont plus la capacité d'avoir cette fonction.

Ouvert aux pères, le groupe n'est pas parvenu à les attirer. Absents physiquement, ils étaient néanmoins très présents dans le discours : « Les attaques contre les figures paternelles en tant que mauvais mari, et mauvais père ou père délégitimé étaient légion : le conjoint est décrit comme abusant de la fragilité de sa femme de par son statut social incertain. Et il n'a rien à dire au sujet des enfants », relatent les auteurs du rapport.

Ce sont donc les mères qui expriment des inquiétudes sur les conséquences de leur départ. D'autres, qui ont laissé leurs enfants au pays avant de s'exiler, partagent avec le groupe leurs doutes et leur culpabilité. Mais plutôt que de culpabilité, c'est de honte qu'il s'agit. Honte qui entoure la raison du départ, des faits et des sentiments qui ne peuvent pas se dire. Enfin, certaines mères sont parties « pour leurs enfants, pour leur propre avenir, dans une dynamique de survie ». Les enfants sont alors une source d'énergie pour s'accrocher à un projet de vie.

Reste que la situation d'attente de statut et d'incertitude des parents crée un déséquilibre avec leurs enfants scolarisés. Et les parents ont tendance à les surinvestir, par exemple en les prenant systématiquement comme interprètes, et à les mettre en difficulté.

A travers la demande initiale de soutien à la parentalité, d'autres demandes ont émergé dans le groupe de parole, notamment celles des bénévoles qui accompagnent ces familles. Ces derniers expriment le besoin de suivre des formations pour faire face à la souffrance psychique exprimée par les personnes en situation d'exil et mieux comprendre la relation parents-enfants dans un contexte migratoire incertain.

Notes

(1) Quatre sont originaires d'Algérie, une du Maroc, une de Guinée, une du Sénégal, une d'Arménie et une d'Albanie.

(2) Rapport de recherche-action sur la parentalité en contexte d'exil et de précarité - Orspere : Tél. 04 37 91 53 90 - orspere@ch-le-vinatier.fr.

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