UN MÂLE, DES MAUX. La maman d'Inès est couverte de bleus. Son mari l'humilie, la terrorise, la frappe, la traite de « pute ». Quand les voisins entendent les pleurs d'Inès, ils se font du souci pour elle, sans s'imaginer que c'est sa mère qui est en danger. En France, une femme meurt tous les trois jours des suites de violences domestiques, et une sur dix se plaint, au cours de son existence, de violences conjugales. C'est ce drame qu'ont choisi d'évoquer le scénariste Loïc Dauvillier et le dessinateur Jérôme d'Aviau, sous la forme d'un roman graphique bouleversant. La bande dessinée, en noir et blanc, raconte la journée d'une femme prisonnière : ses peurs, sa souffrance face à son image, l'espoir - déçu - de voir des proches la soustraire à son calvaire. On la croit un moment prête à partir, à échapper à ce monstre caché sous les traits d'un homme d'apparence polie, puis elle renonce : « Pour aller où ? Pour faire quoi ? Et si je suis obligée de revenir ? » Le graphisme dépouillé révèle toute la tension de ce récit révoltant, qui se termine par un drame. Une oeuvre que les éditions Drugstore, émanation du groupe Glénat, publient dans la collection « 40 ans-40 découvertes », destinée à faire émerger « de nouveaux talents, de nouveaux récits, de nouveaux genres ».
Inès - Loïc Dauvillier et Jérôme d'Aviau - Ed. Drugstore - 15 €