Après que les syndicats, notamment la CGT et FO, ont largement fait état des difficultés de Pôle emploi, submergé par l'afflux des nouveaux exclus du marché du travail (1), c'est au tour du MNCP (Mouvement national des chômeurs et précaires) de tirer la sonnette d'alarme. Le 10 mars, une soixantaine de militants du mouvement ont occupé, toute la matinée, l'agence Pôle emploi de Paris-Boucicaut (XVe) après avoir distribué des tracts incitant les demandeurs d'emploi à s'organiser et à rejoindre l'association. Ils ne sont partis qu'après avoir rencontré, pendant deux heures et demie, Benoît Genuini, médiateur national de l'emploi (voir page 23).
« Nos associations de chômeurs sont débordées, la situation des demandeurs d'emploi est dramatique. Dans certaines agences, ils sont totalement livrés à eux-mêmes, faute de personnels. Des personnes sont parfois en larmes lors des entretiens parce qu'elles sont reçues dans des conditions proches de la maltraitance », déplore Bruno Trubert, délégué national du MNCP. Pour lui, le service public est totalement sous pression et il y a deux mois de retard dans les inscriptions. « Le gouvernement ne voit rien venir ou fait semblant », souligne-t-il. De fait, le 6 mars, lors du conseil d'administration de Pôle emploi, Christian Charpy, son directeur général, s'est voulu rassurant. Il a indiqué que les difficultés rencontrées fin 2008 étaient aujourd'hui maîtrisées et que le nombre de dossiers d'inscription en instance, à ce jour, variait entre 50 000 et 55 000 « ce qui correspond à un niveau normal de traitement » (2). Alors que l'objectif affiché est de parvenir à un référent pour 60 à 70 demandeurs au maximum, on en est, parfois, à un pour 120, voire 300 !, rétorque-t-on au MNCP, ce qui pousse certaines agences à faire « marcher à plein la machine à radiation, pour atteindre les objectifs chiffrés. Et cela, sans pitié pour les conséquences humaines. » De son côté, conscient que « la charge de travail s'est accrue », Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat chargé de l'emploi, s'est dit prêt à « mettre des effectifs en plus ». Une décision « sera prise dans les 15 jours », a-t-il précisé le 10 mars. Mais à quelle hauteur ? avec quel type de contrats ?, s'interroge le MNCP, qui attend des engagements concrets devant l'ampleur de la récession et des mois à venir « de chômage très violent », comme l'a déclaré, le 10 mars, Geoffroy Roux de Bézieux, président de l'assurance chômage.
C'est pourquoi, « face à cette crise exceptionnelle », il propose « un plan d'urgence » financé en partie par la suppression du bouclier fiscal tel que mis en place à l'été 2007 (3). Ce plan porte, en premier lieu, sur la régularisation des inscriptions à Pôle emploi, la suppression de l'offre raisonnable d'emploi, la refonte du PPAE (projet personnalisé d'accès à l'emploi), des effectifs supplémentaires et la suppression du numéro d'appel unique 39 49 afin de le remplacer par un « véritable accueil personnalisé ». Par ailleurs, outre une augmentation des minima sociaux, pour les porter au moins au niveau du seuil de pauvreté, et une hausse du SMIC, il demande aux partenaires sociaux de renégocier la convention Unedic, en consultant les demandeurs d'emploi, de façon à « tenir réellement compte de la crise économique ». Enfin, le mouvement propose de créer une première tranche de 200 000 à 300 000 emplois (inspirés des emplois jeunes, mais avec une formation et une sortie positive) dans les secteurs social et environnemental et le maintien de l'emploi dans les services publics comme la santé ou l'éducation.
(2) Il a présenté également les mesures qu'il souhaite mettre en place comme le déploiement des sites mixtes et le renforcement de la sous-traitance et de la co-traitance.