Pôle emploi tiendra-t-il le choc face au tsunami social lié à la crise financière et économique ? Avec 90 000 demandeurs d'emplois de plus en janvier (voir ce numéro, page 8) et alors qu'il faut s'attendre à plus de 300 000 chômeurs supplémentaires en France en 2009, selon Geoffroy Roux de Bézieux, président de l'assurance chômage, les difficultés du nouvel opérateur, issu de la fusion de l'ANPE et des Assedic, font craindre le pire sur la qualité de la prise en charge des nouveaux exclus du marché du travail. « Il existe à l'heure actuelle encore plusieurs dizaines de milliers de dossiers d'inscription encore souffrance », s'alarme la CGT, qui dénonce « la mise en place à marche forcée » de Pôle emploi. « Les demandeurs d'emploi sont reçus en outre dans des conditions déplorables, aiguillés par une plate-forme téléphonique (le 39 49) déficiente avec en outre un numéro surtaxé lorsque les appels ne proviennent pas d'une ligne fixe. » Par ailleurs, souligne encore le syndicat, les personnels issus des Assedic et de l'ANPE ont été formés a minima sur leurs nouveaux métiers respectifs et doivent faire face à l'exaspération croissante des demandeurs d'emploi. C'est pourquoi la CGT exige « l'embauche immédiate » de salariés, d'autant qu'avec la généralisation au 1er juin du revenu de solidarité active (RSA) - qui concernerait 3,5 millions de personnes -, le service va devoir faire face à une nouvelle déferlante de bénéficiaires. Car ces derniers, contrairement aux titulaires du RMI, sont obligés de s'inscrire à Pôle emploi. La situation est telle, d'ailleurs, que des syndicalistes ou des associations ont dévoilé sur leur site Internet la ligne directe de certaines agences pour permettre aux chômeurs de contourner le 39 49.
Lors d'une rencontre organisée le 2 février avec l'Association des journalistes de l'information sociale, Christian Charpy, directeur général de Pôle emploi, avait reconnu que seuls 60 % à 70 % des appels aboutissaient et que l'objectif était de pouvoir répondre à 80 % des appels dans un délai de 60 secondes. Il avait également précisé que, dans le cadre de la mise en place d'un référent unique (pour l'accompagnement et l'indemnisation), 30 000 personnes seraient formées en interne pour une mise en oeuvre définitive et complète au plan national au mois de septembre 2009. Par ailleurs, pour faire face à la hausse des inscriptions, il avait indiqué que 200 personnes avaient été recrutées à la fin novembre 2008 et qu'il était prévu d'embaucher de 1 000 à 1 200 conseillers en 2009 afin de remplacer les départs à la retraite. A cela devraient s'ajouter 400 créations de postes. Pour le directeur général, ce plan de recrutement global - qui équivaut, selon lui, à 900 équivalents temps plein supplémentaires d'ici à la fin 2009 - vise à permettre à chaque référent d'accompagner de 60 à 70 demandeurs d'emploi au maximum, contre 85 à 90 en moyenne actuellement.