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Insertion des jeunes : le Crédoc met en cause le « millefeuille de la deuxième chance »

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Un taux d'emploi faible, une installation durable, pour nombre d'entre eux, dans l'inactivité, l'emploi précaire ou l'alternance des deux : les jeunes de 18-29 ans sortis d'études sont dans une situation « préoccupante » face à l'emploi, analyse le Crédoc dans l'étude « Deuxième chance ? La prise en charge des jeunes éloignés de l'emploi de qualité » (1). En exploitant les données de l'enquête sur la formation et la qualification professionnelle de l'INSEE (2) et en interrogeant de nombreux acteurs de l'insertion, le Crédoc a mené une recherche sur ces jeunes qui, ayant manqué le coche d'une première insertion réussie à la sortie des études, demeurent durablement éloignés « d'un emploi de qualité » (3). Si 44 % des 5,5 millions de jeunes de 18-29 ans sortis d'études sont en CDI à temps plein, il en reste 1,3 million (23 %) qui subissent un « éloignement relatif » à l'emploi de qualité (CDI à temps partiel, CDD ou intérim à temps plein) ; 1,2 million un « éloignement fort » (CDD ou intérim à temps partiel, contrats aidés, chômage) et 430 000 à être « hors marché du travail » avec une inactivité sans recherche d'emploi déclarée. Des chiffres qui font de la France « le mauvais élève de l'Europe en termes d'emploi des jeunes », estime l'auteur, Matthieu Angotti.

L'étude met en évidence quatre grandes catégories de « jeunes fortement éloignés de l'emploi ». D'abord les « jeunes marginalisés » (36 %) : ils ont plus de 26 ans, sont très peu diplômés et ont eu peu de contacts avec l'emploi. Majoritairement issus du milieu ouvrier ou employé, ils vivent dans des zones urbaines sensibles et ont un bagage culturel et scolaire faible. Deuxième catégorie : les « jeunes rapidement décrocheurs » (25 %). Ils ont en général moins de 24 ans, sont peu diplômés et ont eu peu de contacts avec l'emploi. Troisième public : les « jeunes bacheliers » (21 %). Agés de 24 à 26 ans et issus d'un milieu plutôt favorisé, ils ne sont pas titulaires d'un diplôme du supérieur mais ont un bagage scolaire « correct ». Enfin, les « jeunes diplômés du supérieur » (18 %) ont majoritairement plus de 27 ans et sont issus d'un milieu favorisé. Autre enseignement : le fait d'être une femme accentue nettement le risque d'être touché par l'éloignement de l'emploi.

Le Crédoc met en cause les politiques d'insertion des jeunes qui, dispersées et discontinues dans le temps en raison des changements d'orientations politiques, ont abouti à un émiettement des actions, un « millefeuille de la deuxième chance ». « En fait, personne ne s'y retrouve, à commencer par les jeunes eux-mêmes, sans parler des employeurs ». Pour y remédier, le Crédoc envisage plusieurs pistes. Tout d'abord, il estime nécessaire de donner clairement aux missions locales le rôle de « guichet unique » de la deuxième chance et de développer une politique transverse en s'appuyant sur la création d'une délégation interministérielle. Deuxième piste : lutter contre la pauvreté des jeunes éloignés de l'emploi de qualité en mettant en place une allocation d'insertion pour les 18-29 ans associée à un statut officialisé par la signature d'un « contrat de deuxième chance » au sein d'une mission locale. Autre orientation : la mobilisation massive des employeurs privés. Pour cela, le Crédoc invite à réfléchir sérieusement à l'opportunité de quotas visant les jeunes de 18 à 29 ans engagés dans une dynamique de deuxième chance. Des quotas qui pourraient être établis en élargissant ceux relatifs aux jeunes en contrat en alternance, déjà en place dans les grandes entreprises (4).

Notes

(1) M. Angotti, I. Aldeghi, M. Brezaut, C. Olm, V. Cohen-Scali - Février 2009 - Voir aussi « Quelle deuxième chance pour les jeunes en difficulté » - Consommation et modes de vie n° 128 - Documents téléchargeables sur www.credoc.fr.

(2) www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=FQP03.

(3) Un « emploi de qualité » est un poste satisfaisant trois besoins fondamentaux : la stabilité du contrat de travail, le confort des conditions de travail et la consistance des perspectives.

(4) Actuellement, les enteprises de plus de 250 salariés doivent avoir 3 % de jeunes en alternance dans leurs effectifs.

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