L'illettrisme en images

Comment se « fabriquent » des situations d'illettrisme ? Ils sont huit, femmes et hommes, dont l'histoire, racontée ici sous la forme d'une bande dessinée, croise des difficultés familiales, scolaires, sociales. Souvent en cause, des institutions qui n'ont pas su aller au bout de leurs missions respectives et ont provoqué chez ces personnes des rejets et des humiliations restées profondément ancrées dans leur psychisme. Telle Zahia, l'Algérienne, qui affirme : « L'école, c'était horrible ! Comme on n'avait pas d'argent, on ne pouvait pas acheter les affaires de classe comme les autres. Je me sentais tout le temps ridicule. » A 7 ans et demi, elle demande à sa mère de ne plus l'envoyer à l'école. Maxime, lui, a vécu dans un univers violent, avec des déménagements et des changements d'écoles incessants - « Ils en étaient jamais au même endroit dans le programme, j'étais paumé. » Patrick souffre de graves problèmes d'audition, découverts trop tard. Sylvie reste traumatisée, à 46 ans, par sa maîtresse d'école qui avait fait d'elle son bouc émissaire. Elle regrette amèrement de ne pas pouvoir aider ses enfants dans leurs devoirs... Il y a encore Amar, Ronny, Bonheur et Marcel... Tous suivent aujourd'hui une formation afin de se réapproprier des savoirs fondamentaux. Ces témoins ont confié leurs histoires à neuf auteurs de bande dessinée aux styles très variés - parmi lesquels Ralph Meyer, Simon Hureau, Laurent Astier... -, afin de les mettre en images. Avec ces Paroles d'illettrisme, l'association BD Boum, qui soutient les initiatives d'ordre social et culturel autour de la bande dessinée, nous invite à entendre les personnes exclues et à agir en leur faveur, après avoir déjà donné la parole à des détenus, des personnes malentendantes et des toxicomanes.